AFFAIRE DU TUEUR DE DRH: PÔLE EMPLOI VISÉ PAR UNE PLAINTE POUR HOMICIDE INVOLONTAIRE

INFO RMC. Le 28 janvier 2021, Gabriel Fortin tue par balle Patricia Pasquion dans l’agence Pôle emploi de Valence, où elle travaille. Le meurtrier présumé, surnommé le tueur de DRH, sera bientôt renvoyé aux assises pour trois assassinats et une tentative d’assassinat. Au-delà de la responsabilité pénale du tireur, les sœurs de la victime estiment que Pôle emploi n’a pas garanti la sécurité de la conseillère, qui avait déjà été la cible de menaces et d’agressions.

Le 28 janvier 2021, Gabriel Fortin entre dans l’agence Pôle emploi de Valence, une arme à la main, à peine dissimulée sous un sac plastique. Ce chômeur s’engage rapidement dans la zone réservée aux employés en direction d’un bureau précis situé juste à côté de la sortie des salariés qui a également servi au public pendant la crise du Covid-19. Ce bureau est identifié comme le lieu des réclamations, où certains managers reçoivent les affiliés mécontents. Ce jour-là, c’est Patricia Pasquion, la "responsable indemnisation", qui occupe ce bureau. Elle n’a pas le temps de réagir quand le suspect tire sur elle et la tue.

"UNE VICTIME SYMBOLIQUE TUÉE PARCE QUE REPRÉSENTANT PÔLE EMPLOI"

Gabriel Fortin, ingénieur au chômage, ancien affilié Pôle emploi à Valence, a été interpellé et mis en examen pour assassinat et tentative d’assassinat. La justice lui reproche, en plus du meutre de la conseillère Pôle emploi, d’avoir assassiné Estelle Luce le 26 janvier 2021 à Wolfgantzen (Haut-Rhin) et Géraldine Caclin le 28 janvier 2021 à Guilherand Granges (Ardèche), et une tentative d'assassinat sur Bertrand Meichel à Wattwiller (Alsace) le 26 janvier 2021. Ces trois personnes étaient ses anciens responsables des ressources humaines. Les investigations ont permis de démontrer que Patricia Pasquion et Gabriel Fortin ne se connaissaient pas. Elle n’a jamais été en charge de son suivi et n’a eu aucun contentieux avec lui.

 
Patricia Pasquion "est une victime symbolique, tuée parce qu’elle représentait Pôle emploi" estime Me Hervé Gerbi, qui représentent les sœurs de la victime.

Au-delà de la responsabilité individuelle du tireur, que les sœurs de Patricia Pasquion ne minimisent pas, elles estiment que Pôle emploi n’a pas assuré la sécurité de la conseillère. Elles ont déposé plainte pour homicide involontaire le 13 septembre dernier. "M. Fortin était extrêmement déterminé, admet Me Gerbi. Mais nous considérons que si certaines mesures de sécurité avaient été mises en place, elles auraient pu être dissuasives. Entre le moment où Gabriel Fortin entre dans Pôle emploi et le moment où il en ressort, il s’écoule trois minutes, trois minutes fatales pour Patricia Pasquion, trois minutes pendant lesquelles aucune mesure de sécurité n’a pu se présenter face à lui. Ni gardien de sécurité, ni portique, ni bouton d’alerte. Et puis finalement, on a un agent qui se trouve dos au mur avec un agresseur face à lui sans possibilité d’échappatoire parce qu’on n’a pas pensé l’organisation des locaux avec ce risque d’agression."

DES INCIDENTS CONTRE LA VICTIME SIGNALÉS

Pourtant, Patricia Pasquion, comme d’autres agents, avait déjà été la cible de menaces et d’agressions. La plainte que RMC a pu consulter, recense plusieurs incidents récents. En octobre 2020, par exemple, Patricia Pasquion est menacée de mort. Elle en a parlé à sa direction à l'époque et elle hésitait même à déposer plainte. Un autre jour, c’est un affilié qui menace de lui jeter son ordinateur à la tête, un autre soir elle retrouve les pneus de sa voiture crevés. A force, la conseillère avait fini par ne plus faire remonter tous les problèmes à sa direction, "parce que les suites ont été inefficaces, on finit par ne plus déclarer les incidents", explique Me Gerbi.

Signaler, "ça ne sert à rien, ils ne sont pas mieux protégés ni plus protégés" estime l'avocat de la famille de la victime.

Les sœurs de Patricia Pasquion souhaitent que l’instruction apporte la preuve indéniable que Pôle emploi a manqué à ses obligations de sécurité et que, se faisant, elle a facilité le passage à l’acte de Gabriel Fortin." L’instruction pour assassinats, désormais clôturée, n’a pas creusé cette piste d’éventuelles manquements aux obligations de sécurité au sein de l’agence de Valence. D’ailleurs, Pôle emploi est constituée partie civile pour le procès de Gabriel Fortin à venir.

 

Marion Dubreuil

 

Sources : https://rmc.bfmtv.com/actualites/police-justice/affaire-du-tueur-de-drh-pole-emploi-vise-par-une-plainte-pour-homicide-involontaire_AN-202210200047.html

 



21/10/2022
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