« Puisqu’il est si sûr de lui, le président de la République, il n’a qu’à consulter le peuple. On verra la réponse du peuple », a dit le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
Dans la Somme, jeudi (23 mars), les actions commenceront très tôt, dès 4 heures du matin à la zone industrielle nord d’Amiens, avant l’habituelle manifestation de 14 heures au départ de la Maison de la culture. (.....)
D’autres rassemblements seront prévus à Abbeville, à 10 heures boulevard Vauban ; à Friville-Escarbotin, à 16 heures au Château d’eau ; et à Albert, à 10 heures devant l’hôtel de ville.
Le lendemain vendredi (24 mars), le rendez-vous sera donné à nouveau à la zone industrielle, avant une manifestation à 10 heures au départ du rond-point de l’Oncle-Sam.
Dans l’Oise, quatre manifestations sont prévues le 23 mars : à Beauvais, 14 heures devant la préfecture ; à Clermont, à 10 heures sur le parking du CHI ; à Pont-Sainte-Maxence, à 9 heures, à la Manekine ; à Compiègne, à 14h30 cours Guynemer.
Dans l’Aisne, des actions sont annoncées à Laon, avec le blocage du rond-point de l’autoroute (6 heures) suivi d’une manifestation au départ du supermarché Leclerc (10 heures) ; à Soissons avec les blocages des ronds-points de l’Archer et de Villeneuve (7 heures) ; et à Château-Thierry avec le blocage de la zone industrielle de l’Omois (6h30).
mobilisation de jeudi (infos reprises depuis Picardie Debout) :
Ce jeudi 23 mars, l'intersyndicale appelle à nouveau à une grève massive et à mettre le pays à l'arrêt.
➡️ Rendez-vous au rond-point de l'Oncle Sam sur la zone industrielle d'Amiens dès 4 h du matin, et toute la journée pour grossir les rangs et tenir dans la durée.
Picardie debout ! sera présent dès 11 h pour animer le rond-point avec un barbecue et… un karaoke ! Mais aussi pour échanger tous ensemble et pourquoi pas inventer des actions en direct.
➡️ Si vous le pouvez, apportez de quoi manger et boire pour accompagner les merguez, on va faire ça sous forme d'auberge espagnole.
Après une réforme des retraites adoptée au forceps via la 100e procédure de 49.3 de la Ve République, les oppositions au projet de loi ne désarment pas. Elles espèrent toujours faire reculer le gouvernement avant la promulgation de sa loi.
À l'image de la coalition de gauche Nupes, elles espèrent utiliser "tous les moyens à sa disposition" pour faire échouer la réforme contestée des retraites, du soutien au mouvement social à un référendum d'initiative partagée en passant par les motions de censure et le Conseil constitutionnel.
Dans la foulée du 49.3, deux motions de censure ont été déposées. L'une émane du groupe du Rassemblement national ; l'autre, du groupe Libertés, Indépendants Outre-mer et Territoires (Liot), est surveillée comme le lait sur le feu par le gouvernement.
Les motions de censure devaient être déposées dans un délai de vingt-quatre heures après le déclenchement de l'article 49.3. Il faudra ensuite attendre au minimum quarante-huit heures pour qu'elles soient débattues – c'est la conférence des Présidents qui fixera l'heure d'examen.
Pour être adoptée, l’une ou l’autre des motions de censure devra réunir les voix de la majorité absolue des membres composant l’Assemblée nationale, soit 289 suffrages en temps normal, mais 287 actuellement car quatre sièges restent non pourvus. Une condition qui évite qu'une majorité simple, liée à des abstentions, ne suffise à renverser un gouvernement. En clair : toute abstention vaut soutien implicite au gouvernement, selon la Constitution.
Pour cette condition aussi, il est peu probable de voir une motion de censure l'emporter. Avec l'ensemble des députés Nupes (149), RN (88), et de tous les Liot (20), il manque encore 32 voix pour l'adopter. Plus de la moitié du groupe Les Républicains devrait donc franchir le Rubicon alors que le président de LR Ciotti assure qu'aucun de ses membres ne soutiendra de motions de censure. À moins d'une défection improbable des rangs de LREM, ou de ses alliés du Modem et d'Horizons.
Le slogan fait florès dans les cortèges. La dissolution est agitée par Emmanuel Macron comme une menace récurrente depuis que les élections législatives de juin 2022 ne lui ont laissé qu'une majorité relative pour gouverner. Elle l'était encore à la veille du 49.3 pour espérer faire rentrer dans le rang les Républicains réticents à voter la réforme.
S'inscrire dans les pas du général de Gaulle en répondant à une motion de censure par une dissolution, voilà qui, sans doute, ne déplairait à Emmanuel Macron. Même dans les rangs des soutiens de l'exécutif, les nouvelles législatives apparaissent comme une solution. Un responsable du groupe majoritaire affirme ainsi, sous couvert d'anonymat, que la séquence des retraites et le 49-3 est "un crash. Il faut une dissolution". Et repartir du bon pied en gagnant les élections qui reboosteraient le capital politique de la macronie.
Reste que la manœuvre est hasardeuse. En 1997, Jacques Chirac avait tenté la manœuvre qui lui avait coûté sa majorité. Une éventuelle dissolution de 2023 pourrait aboutir aux mêmes conséquences…
Sans boule de cristal, difficile de prédire qui pourrait sortir gagnant de ces hypothétiques législatives : la Nupes, à condition de s'entendre sur les investitures, pourrait faire un bond en capitalisant sur le mouvement social réussi. Mais les observateurs alertent sur le fait que le gagnant le plus probable risque d'être le RN, prospérant sur le mécontentement grandissant de la société française.
L'Assemblée nationale risquerait alors d'être plus morcelée que jamais, rendant improbable l'existence d'une majorité.
La suite pour la réforme des retraites se jouera aussi dans la rue. Après la décision du gouvernement de recourir au 49.3 pour faire adopter son projet de loi, l'intersyndicale s'est réunie et a dénoncé "un déni de démocratie" et un passage "en force".
"Aujourd'hui, c'est ce mouvement social exemplaire qui démontre que le président de la République et son gouvernement sont en échec devant l'Assemblée nationale", ont écrit les huit principaux syndicats français dans leur communiqué.
L'intersyndicale a appelé à "des rassemblements locaux de proximité" durant le week-end du 18 mars et à une neuvième journée de grèves et de manifestations le jeudi 23 mars.
Reste qu'après des semaines de mobilisation dans le calme, le mouvement pourrait durcir et échapper à l'encadrement des syndicats. Un scénario que l'intersyndicale agite depuis des semaines face à l'inflexibilité de Macron. L'usage du 49.3 a donné raison aux syndicalistes. Plusieurs manifestations spontanées ont eu lieu dans la foulée de l'utilisation de l'article de la Constitution, donnant lieu à de multiples incidents et interpellations.
La Nupes préfère garder plusieurs cartes dans sa main pour lutter contre la réforme des retraites proposée par le gouvernement. Si la motion de censure venait à échouer, le référendum d'initiative partagée (RIP) pourrait être une autre option.
Arme constitutionnelle à la disposition des parlementaires, le RIP prévoit la possibilité d'organiser une consultation populaire sur une proposition de loi "à l'initiative d'un cinquième des membres du Parlement", soit au moins 185 des 925 parlementaires (577 députés, 348 sénateurs). Elle doit aussi être "soutenue par un dixième des électeurs", soit 4,87 millions de personnes, dont les signatures doivent être recueillies dans un délai de neuf mois.
Pour Valérie Rabault, vice-présidente socialiste de l'Assemblée nationale, la procédure permettrait de "bloquer pendant neuf mois la mise en œuvre de cette réforme". Mais "si un RIP est déclenché sur les retraites, il faut qu'il le soit avant la promulgation de la loi".
Pour son collègue de la Nupes, le député PCF Stéphane Peu a assuré que l'inter groupe disposait depuis mardi 14 mars des 185 parlementaires nécessaires à la procédure. Sa proposition de loi proposera que "l'âge de départ à la retraite ne puisse pas excéder 62 ans", a-t-il précisé.
Le RIP n'est pas la seule carte qui reste à abattre aux opposants de la réforme si les motions de censure ne trouvent pas de majorité : "Il y aura plusieurs recours au Conseil constitutionnel contre ce texte s’il était voté", assurait ainsi mardi 14 mars, Charles de Courson, député centriste du groupe Liot.
Les députés de gauche comptent s’appuyer sur l’avis du Conseil d’État, qui avait alerté le gouvernement d’un risque d’inconstitutionnalité de certaines mesures de son projet de réforme et notamment son manque de chiffrage clair, celui présenté initialement par le gouvernement ayant été battu en brèche au fur et à mesure des débats.
Les responsables syndicaux ont appelé samedi le président de la République à « consulter le peuple » sur la réforme des retraites, lors d’un point presse en amont de la manifestation parisienne contre le projet du gouvernement.
« Puisqu’il est si sûr de lui, le président de la République, il n’a qu’à consulter le peuple. On verra la réponse du peuple », a dit le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez.
Reconnaissant une moindre mobilisation pour cette septième journée, M. Berger a affirmé ne pas en être surpris, cette journée étant la deuxième de la semaine, mais la détermination est « forte ».
« J’implore ceux qui dirigent ce pays de sortir de cette forme de déni du mouvement social », a-t-il dit, faisant part de la « sidération » des militants face à la fin de non recevoir du président de la République.
Le président de la CFE-CGC, François Hommeril, a espéré que la « raison » revienne à l’exécutif. « On ne peut diriger, on ne peut pas emmener vers l’avant un pays comme la France en misant sur la résignation de sa population. C’est la chose la plus grave de ce moment », a-t-il dit.
Le secrétaire général de la FSU, Benoît Teste, a mis en garde contre le « coup de force démocratique » que représenterait l’adoption du texte via l’arme constitutionnelle du 49.3, y voyant en même temps un moyen de « redonner du souffle à la mobilisation ».
Source : https://www.leparisien.fr/economie/retraites/reforme-des-retraites-lintersyndicale-invite-le-president-a-consulter-le-peuple-11-03-2023-KPNAS5VJVJAS5GS7XDBVR42G5E.php
Riss · Mis en ligne le 8 mars 2023 · Paru dans l'édition 1598 du 8 mars
La France se remettra-t-elle du blocage de l’économie que les syndicats ont lancé mardi pour protester contre la réforme des retraites ? À entendre le gouvernement, cette grève va plonger le pays dans le chaos. C’est tout juste si les grévistes ne méritent pas d’être qualifiés de traîtres à la patrie, coupables de planter un poignard dans le dos de notre belle nation. Un climat social de plus en plus tendu.
Traditionnellement, les syndicats défendent leur point de vue autour de la table des négociations. Et la très grande majorité des conflits se règle ainsi, contrairement à ce qu’un discours antisyndicaliste voudrait nous faire croire. On parle toujours des trains qui arrivent en retard, mais jamais de ceux qui arrivent à l’heure. Il en est de même pour le dialogue social : on parle des négociations qui échouent et qui font descendre les gens dans la rue, mais jamais de celles qui réussissent.
Le syndicalisme est une activité propre à la démocratie. Les régimes politiques sans syndicats sont toujours des dictatures. Remettre en cause leur rôle reviendrait à défendre une vision des rapports sociaux typique des régimes totalitaires, à l’image de Vichy ou d’une dictature à la Pinochet : on liquide les syndicats pour les remplacer par des corporations, et on enferme les syndicalistes dans des stades. On a parfois l’impression qu’en France certains en rêvent. L’extrême droite avance aussi sur ce terrain-là.
On baigne alors dans une sorte d’hypocrisie. Tout le monde défend le droit de manifester, mais à condition que cela n’entrave pas la politique du gouvernement. Tout le monde défend le droit de faire grève, mais à condition que cela n’empêche pas les usines de tourner. Une sorte de wokisme social : il ne faut pas choquer, il ne faut pas heurter, il ne faut pas gêner la sensibilité des acteurs économiques. À en écouter certains, le syndicalisme devrait ressembler à une médecine douce, qui consisterait à poser des cailloux sur le ventre de salariés pour les calmer et à faire boire des tisanes de pissenlit aux patrons pour les relaxer.
Qui casse l’économie française ? Les syndicats sont-ils puissants à ce point ? Il existe d’autres procédés bien plus efficaces pour mettre à genoux une société. Au Mans, 53 chirurgiens viennent de présenter leur démission administrative pour dénoncer la fermeture de lits et la pénurie de médecins. Qui aura l’audace de les accuser de mettre l’hôpital public à genoux ? Sont-ils membre de la CGT, de la CFDT ou de FO ? Probablement pas. Eux non plus ne sont pas responsables de cette situation.
Les services publics comme l’éducation nationale, l’hôpital ou la justice, pour ne citer qu’eux, sont méthodiquement « réformés » depuis une trentaine d’années, et le résultat est souvent catastrophique. Pas besoin d’une grève générale pour que la société française se délite. Les prétendues « réformes » qu’on nous inflige depuis trente ans, et auxquelles vient s’ajouter celle des retraites, n’ont fait que déstructurer un peu plus ce qui tenait encore debout dans ce paysage économique instable.
Les « syndicalistes » défenseurs du libre marché imposent leur idéologie sans avoir besoin d’installer des piquets de grève. Leur propagande et leur lobbying incessants dans le monde politique et médiatique ont bien plus d’impact sur l’économie qu’une grève générale qui survient une fois tous les dix ans. Mais cela ne choque personne. Au contraire, depuis une semaine, on nous matraque que les syndicats sont les seuls responsables. De quoi ? De jouer leur rôle dans cette réforme des retraites qui est un vrai enjeu de société. Reprocher aux syndicats de s’opposer à cette réforme revient à contester leur existence même. Cette grève générale n’a pas été lancée pour « faire chier » ou « emmerder » les Français, mais parce que le gouvernement n’a pas l’air de bien comprendre qu’il est en train non pas de « réformer », mais de désosser. Une fois de plus.
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