Pour aller plus loin

Le SNU Pôle emploi intervient, bien sûr, pour défendre les droits des salariés de l'établissement et pour défendre les valeurs de service public. Nous pensons que Pôle emploi n'est pas isolé du reste de la société : les différents gouvernements, les collectivités territoriales (mairie, département, région...) décident des politiques à mener sur les thématiques de l'emploi et de l'insertion. Ces décisions ont bien sûr des conséquences sur notre travail au quotidien, nos conditions de travail, le service rendu à nos usagers.

Nous considérons donc que notre action syndicale ne doit pas s’arrêter à la sortie des sites de Pôle emploi. Nous intervenons également sur des thématiques plus larges, telles que la défense du service public en général, la défense des droits et des acquis sociaux, la défense des droits et des libertés démocratiques…

Nous sommes une force de propositions, mais nous ne pensons pas avoir raison tout seul dans notre coin. Nous organisons et participons aux débats les plus larges et les plus démocratiques possibles avec des acteurs extérieurs à Pôle emploi : syndicalistes d’autres établissements publics ou d’entreprises privées, économistes, chercheurs…

Pour élargir notre horizon, pour aller plus loin, nous vous proposerons, dans cette rubrique, des articles sur l’environnement général de Pôle emploi


5 causes de la montée de l’extrême droite dans le monde

Bien souvent, en période de crise, on observe une poussée de l’extrême droite dans les urnes. Un phénomène qui peut paraître étonnant au regard de l’Histoire et des dégâts que l’extrême droite a causé aux franges populaires et minorités. Surtout lorsque l’on constate la faible popularité de la gauche qui propose pourtant une politique en adéquation avec les intérêts du peuple.

En 2022, les trois candidats d’extrême droite rassemblaient pas moins de 32,45 % des suffrages au premier tour des présidentielles françaises. En Italie, en Hongrie, en Suède, au Brésil ou aux États-Unis, ce camp a même réussi à prendre le pouvoir très récemment. Comment analyser cette montée en puissance dans cette période de troubles ? Voici cinq raisons pour expliquer ce phénomène.

 

1. La stratégie de la peur

Les crises provoquent évidemment des bouleversements majeurs. Et comme tous les changements, ils nous conduisent vers une situation incertaine. Or, la peur de l’inconnu est un mécanisme évolutif parfaitement naturel. De fait, à travers les âges, en se méfiant de ce qui lui était étranger, l’être humain a pu se préserver de potentiels dangers.

Or, l’extrême droite a très bien compris ce processus et elle en use énormément pour arriver à ses fins. C’est pour cette raison qu’elle joue constamment la carte du « déclin » et du « c’était mieux avant ». Éric Zemmour met ainsi très fréquemment en avant un passé fantasmé qu’il entend restaurer. On avait d’ailleurs vu Donald Trump procéder exactement de la même façon avec son fameux slogan « Make America great again » (rendre sa grandeur à l’Amérique).

En faisant référence à une époque connue, confortable, de laquelle les gens ne retiennent naturellement que les bons côtés, les identitaires parviennent à séduire une large partie de la population. À l’inverse, ils pointent du doigt les nombreuses transformations entraînées d’un côté par les politiques austéritaires de la droite libérale et les évolutions proposées par la gauche, notamment au niveau de la société.

Sans faire le tri entre ce qui pourrait être positif ou non, l’extrême droite dénonce tous les changements qui ne seraient que le chemin vers toujours plus de décadence. Leur projet, au contraire, s’articule plutôt autour d’un retour vers un prétendu « âge d’or » qui n’a en réalité jamais existé, mais qui est une idée plus que réconfortante.

2. Des thèses simplistes faciles à assimiler

La stratégie de la peur de l’inconnu s’appuie également sur une aversion pour l’altérité et la différence. Ainsi, cette crainte de ce que l’on ne connaît pas peut très facilement se transformer en haine envers des « boucs émissaires ».

Cette animosité va être dirigée par l’extrême droite vers plusieurs catégories de population, que l’on désignera comme les responsables de tous nos maux. Elle visera d’abord bien sûr les immigrés, mais aussi les musulmans, les juifs, les écolos, les véganes, les gauchistes, les individus racisés, les personnes LGBTQIA+ ou encore les personnes précaires. Ignorant tout du mode de vie de ces personnes, l’extrême droite alimente leur stigmatisation puisqu’elles représenteraient une menace pour la suprématie blanche, hétérosexuelle, bourgeoise et chrétienne. Là où la nature d’une crise peut-être extrêmement complexe et s’expliquer par de multiples facteurs, l’extrême droite se contentera de pointer du doigt une partie du peuple.

Dans un monde où tout va très vite et où on prend rarement le temps d’analyser froidement les choses, le discours de gauche qui tentera de décrypter une situation avec des faits rationnels sera facilement balayé par celui des identitaires qui utiliseront une logique simple et basique du type « Vous êtes pauvres à cause des immigrés qui vous volent vos emplois et profitent de vos impôts ». Accepter des mœurs modernes ou de nouveaux modes de vie pour s’adapter aux transformations environnementales ou sociétales effraie aussi beaucoup de gens qui préfèrent sans doute la politique de l’autruche de l’extrême droite qui va souvent jusqu’à nier l’existence de ces évolutions inévitables.

Ce n’est de même pas anodin si les théories complotistes ont un succès certain de ce côté de l’échiquier politique. Sur certains sujets, comme le dérèglement climatique, elles permettent d’entretenir une forme de déni, et sur d’autres, comme la mondialisation, elles servent à renforcer des mécanismes identitaires et réactionnaires face à un « modèle civilisationnel » en danger.

Puisque leurs arguments sont fondés sur les sentiments des gens (et notamment la peur et la haine) à l’inverse de leur rationalité, ils ne peuvent fonctionner qu’en période de grave crise économique ou sociale. Et c’est d’ailleurs toujours en réponse à ce type d’évènement que l’extrême droite a réussi à accéder au pouvoir : la première guerre mondiale pour Mussolini, la crise de 1929 pour Hitler ou encore la crise de 2008 pour Trump ou Bolsonaro.

Dans ce contexte où l’individualisme est constamment mis en avant par la société, il est aussi plus tentant pour de nombreuses personnes d’agir avant tout par égoïsme pour faire face aux perturbations. Le discours de la gauche qui préconise l’entraide y compris dans ces situations a donc plus de mal à porter, et ce même si les observations scientifiques semblent démontrer que ce comportement reste le plus adapté pour survivre.

3. La responsabilité du capitalisme et des médias aux ordres

Si l’extrême droite arrive à autant profiter des situations troubles, il est évident que la responsabilité du phénomène est à partager avec le néolibéralisme : Il ne faut pas perdre de vue que les crises que nous subissons sont inhérentes au capitalisme et à ses travers. Or, dans cette situation, la bourgeoisie et les plus fortunés préféreront toujours l’extrême droite par rapport à la gauche. Partout dans le monde, elle est même devenue leur adversaire favori.

L’élite financière sait pertinemment qu’elle pourra l’emporter plus facilement contre les candidats d’extrême droite que face à la gauche qui propose des solutions réellement différentes. Dans le pire des cas, elle a également conscience qu’en cas de défaite, l’extrême droite ne menacera jamais les intérêts des plus privilégiés. Quitte à être vaincue, elle préférera donc toujours les identitaires aux progressistes. La diabolisation de la gauche s’inscrit ainsi complètement dans ce processus. Pour ne surtout pas remettre en cause le capitalisme, les camps socialistes, communistes ou écologistes ne doivent en aucun cas arriver au pouvoir.

Pour éviter cette « catastrophe », les néolibéraux n’hésitent pas à jouer sur le terrain des identitaires en reprenant leurs mots et leur concept et en excluant la gauche du champ démocratique et même du raisonnable. Évidemment, les représentants politiques du système en place ne sont pas les seuls à œuvrer dans ce sens.

La bourgeoisie dispose également d’une arme de destruction massive : les médias de grande écoute. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si les milliardaires en ont acheté la quasi-intégralité. Quand télévision, radio et journaux passent leurs existences à chanter les louanges du néolibéralismeil devient difficile pour la gauche de s’imposer dans l’opinion publique. C’est d’autant plus vrai à l’heure actuelle où l’extrême droite commence doucement à s’installer dans le paysage sous l’impulsion de l’empire Bolloré.

4. Les fausses promesses

Si l’extrême droite a aussi souvent réussi à s’imposer dans l’Histoire, c’est également parce qu’elle avance masquée. Il est très rare que des individus se revendiquent eux-mêmes d’extrême droite. Presque personne non plus ne va ouvertement se réclamer du nazisme ou fascisme. Pire, certains leaders identitaires, non contents de refuser d’assumer leurs héritages tentent même de le faire reposer sur la gauche. En plein confusionnisme, plusieurs militants, dont Éric Zemmour, ont ainsi menti sans honte en clamant qu’Hitler et Mussolini étaient de gauche.

Ironiquement, ces affirmations sont d’ailleurs fondées sur un autre facteur de montée de l’extrême droite : ses mensonges. De tout temps, pour séduire, les dirigeants d’extrême droite ont en effet utilisé des morceaux de rhétoriques de gauche (incohérents avec l’ensemble de leur discours, mais peu importe) pour plaire aux masses.

Hitler et Mussolini ont, par exemple, laissé transparaître dans certaines de leurs déclarations une sympathie pour les idées socialistes (qui ne s’est bien sûr jamais traduite par des actes, bien au contraire). On retrouve aujourd’hui les mêmes procédés chez Marine Le Pen. De nombreux observateurs n’hésitent d’ailleurs pas à dire qu’elle a un programme social. En réalité, elle puise seulement quelques éléments de langage des discours de gauche pour les inclure dans son projet. Mais lorsque l’on creuse un peu et que l’on étudie le comportement du parti à l’Assemblée Nationale, il est constaté qu’il se tient du côté des riches et du capitalisme, et certainement pas de celui des travailleurs et des plus précaires.

5. La structure du système et la sociologie des votants

Pour finir, un autre élément favorise clairement l’extrême droite par rapport à la gauche : la nature du système électoral. Nous votons en effet pour des candidats qui présentent un programme qu’ils n’ont aucune obligation de respecter. De plus, il est impossible de choisir seulement les mesures qui nous conviennent ; lorsque l’on opte pour un candidat, nous sommes contraints d’adhérer à toutes ses propositions. Or, les thématiques phares de l’extrême droite sont bien plus simples à assimiler.

L’hyper personnalisation du scrutin fait également que chaque incartade des prétendants de gauche est systématiquement scrutée, d’autant plus que leurs projets de transformation sont désignés par les médias comme « moralisateurs ». À l’inverse, l’extrême droite canalise une grosse partie de la colère de certains.

Pour couronner le tout, l’extrême droite dispose d’un avantage certain sur la gauche en ce qui concerne la sociologie des votants. En effet, les thématiques passéistes et réactionnaires ont beaucoup plus de chance de porter sur un électorat âgé. Or, c’est précisément cette catégorie de population qui se rend le plus aux urnes. Les jeunes, qui sont le cœur de la gauche ont à l’inverse tendance à moins se déplacer.

Au sein des abstentionnistes en général, il y a, de plus, énormément de sympathisants des idées de gauche, mais désabusés de la politique ou du mode de désignation du pouvoir. C’est bien la gauche qui pâtit le plus de l’abstention parce qu’elle concerne en majorité les moins âgés et les classes populaires.

C’est de même cette catégorie de la population que les tenants du capitalisme essaient à tout prix de désintéresser de la question politique en les assommants de travail et de divertissements abrutissants et superficiels. Une situation qui n’aide bien sûr pas à réfléchir et qui favorise donc encore une fois les thèses simplistes de l’extrême droite.

La victoire de l’extrême droite n’est pas une fatalité

Après avoir expliqué les mécanismes de la montée des identitaires et le danger qu’ils représentent, il convient tout de même de rappeler que l’extrême droite ne sort pas systématiquement victorieuse des moments de crises. Il est possible d’assister à un duel entre elle et la gauche, et cette dernière peut l’emporter.

Ce fut par exemple le cas en 1936 avec le Front populaire, ou plus récemment en Amérique Latine avec Lula, Correa, Castillo, Obrador ou encore Arce. Et encore, faut-il analyser de quel pan de la gauche (gauche libérale ou gauche anticapitaliste) il est question. Reste maintenant à renouveler l’expérience dans un pays occidental de grande influence. Et pourquoi pas la France ?

– Simon Verdiè

 

Source : https://mrmondialisation.org/5-causes-de-la-montee-de-lextreme-droite-dans-le-monde/


01/09/2023


Un camouflet pour Darmanin

Le Conseil d’État suspend la dissolution des Soulèvements de la Terre : un camouflet pour Darmanin

Grâce à cette décision, les Soulèvements et leurs 180 comités locaux de soutien ont le droit de continuer leurs réunions, événements et actions sur le terrain. La partie n’est pas gagnée définitivement pour autant : l’examen au fond du contentieux sur cette dissolution devrait avoir lieu durant l’automne.

Un retournement de situation considérable pour le mouvement des Soulèvements de la Terre ! Dans une décision rendue le vendredi 11 août, le Conseil d’État a suspendu leur dissolution, infligeant ainsi un sérieux camouflet à Gérald Darmanin. Les juges des référés ont estimé que « ni les pièces versées (...) ni les éléments opposés à l’audience (…) ne peuvent être qualifiés de provocations à des agissements troublant gravement l’ordre public ».

Pour la première fois depuis longtemps, l’instance du Palais-Royal s’oppose à une dissolution prononcée à l’initiative du ministre de l’intérieur, qui a trop usé l’article L212-1 du code de la sécurité intérieuremieux connu sous le nom de loi Séparatisme, permettant la dissolution de toute association ou « groupement de fait » dont les agissements « troublent gravement l’ordre public ».

Le Conseil d’Etat avait été saisi par plus d’une trentaine d’associations et près de 150 000 personnes se sont déclarées sympathisantes au mouvement écologiste via une pétition. Le Conseil d’Etat a estimé qu’il existait « un doute sérieux quant à la qualification de provocation à des agissements violents à l’encontre des personnes et des biens retenue par le décret de dissolution ».

La secrétaire nationale d’Europe Ecologie-Les Verts, Marine Tondelier, a réagi la première au sein de la classe politique : « La justice a joué son rôle de rempart. C’est un gouvernement qui est condamné par la même justice française pour “inaction climatique”, qui n’arrive pas à s’attaquer au problème et qui, pour créer une sorte de diversion (…), préfère s’attaquer au messager. »

Grande victoire pour le mouvement écologiste, la décision du Conseil d’Etat démontre que le terme d’ « écoterrorisme » scandé par Gérald Darmanin à chaque manifestation pacifique, est complètement éhonté.

« S’agissant des violences alléguées à l’égard des biens, il ressort (…) que les actions promues par Les Soulèvements de la Terre ayant conduit à des atteintes à des biens se sont inscrites dans les prises de position de ce collectif en faveur d’initiatives de désobéissance civile et de “désarmement” de dispositifs portant atteinte à l’environnement, dont il revendique le caractère symbolique, et ont été en nombre limité. Eu égard au caractère circonscrit, à la nature et à l’importance des dommages résultant de ces atteintes, (…) les actions reprochées au collectif ne peuvent pas être qualifiées de provocation à des agissements troublant gravement l’ordre public. » ont ainsi rappelé les juges dans leur décision

Grâce à cette décision, les Soulèvements et leurs 180 comités locaux de soutien ont le droit de continuer leurs réunions, événements et actions sur le terrain. La partie n’est pas gagnée définitivement pour autant : l’examen au fond du contentieux sur cette dissolution devrait avoir lieu durant l’automne.

« Dans ce régime qui écrase tout ce qui se soulève, nous avons le droit et le devoir de désobéir. Les Soulèvements de la Terre incarnent cette possibilité face au bouleversement climatique, à l’effondrement de la biodiversité, à l’artificialisation des sols et l’accaparement de ce qui devrait être commun. En partant de la terre et en  s’alliant pour la défendre par une suite d’actions concrètes, les Soulèvements contribuent à un basculement du rapport de force dans le champ de l’écologie politique » ont réagi les Soulèvements de la Terre

Le mouvement prépare déjà la suite et invite chaque sympathisant à déposer un recours individuel sur la plateforme du Conseil d’Etat avant le 20 août.

Pour les Soulèvements de la terre, la prochaine étape est le départ du convoi de l’eau contre les méga-bassines à Sainte-Soline à 12h vendredi 18 août prochain avec une équipée inédite de 900 vélos et 20 tracteurs.

 

Source : https://lareleveetlapeste.fr/le-conseil-detat-suspend-la-dissolution-des-soulevements-de-la-terre-un-camouflet-pour-darmanin/


01/09/2023


Dégradation des conditions de travail en France

Les conditions de travail en France sont particulièrement mauvaises. Plusieurs enquêtes récentes montrent la hausse de la pénibilité et de la fatigue mentale dans les entreprises françaises. Faisons l’état des lieux.

Les débats sur le travail, le sens au travail, et la crise du travail font beaucoup parler en France ces derniers mois. Avec la réforme des retraites, la baisse des allocations chômage, et la crispation globale autour de la notion de travail, il paraît naturellement important de se questionner sur les conditions du travail.

Travaille-t-on bien en France ? Quelles sont les conditions de travail dans les entreprises françaises ? Les données ces dernières années montrent qu’elles sont mauvaises. Pénibilité, demande émotionnelle, stress, manque d’écoute : les salariés français sont plus mal lotis sur tous ces points que nos voisins européens.

Voyons les chiffres.

Les conditions de travail en France : état des lieux

Plusieurs études, émanant de la DARES, de l’Enquête Européenne sur les Conditions de Travail, ou de rapports sur la qualité de vie au travail permettent de voir quel est l’état des lieux des conditions de travail en France. Et malheureusement, ces chiffres ne sont pas très rassurants.

D’abord, en matière d’emploi pur, la France n’est pas très bonne élève. En dépit des communications régulières du gouvernement à ce sujet, le chômage reste élevé en France, autour de 7.1%, soit nettement au dessus de la moyenne européenne, proche des 6%, ou des taux de pays comme l’Allemagne (3%), des Pays-Bas (3.5%), de l’Irlande (4.5%) ou de la Belgique (5.6%). La France est également l’un des pays d’Europe (si ce n’est le pays d’Europe) qui compte la plus grande part d’emplois précaires : autour de 5% des emplois en France sont conclus sur une durée inférieure à 3 mois, contre 0.4% en Allemagne par exemple.

On a donc un taux de chômage élevé, et un taux d’emploi stable relativement faible. D’autant qu’en plus de ces emplois précaires, la France affiche aussi des taux élevés d’activité réduite, souvent contrainte : le taux de chômage des catégories A a certes baissé depuis quelques années, mais celui des catégories B et C a plutôt stagné ou augmenté. D’autre part, le travail indépendant sur les plateformes (les emplois uberisés) est parmi les plus élevés d’Europe : au moins 250 000 personnes travailleraient pour les géants de l’économie de plateforme. Dans l’enquête européenne sur les conditions de travail, la France est le 3ème pays le plus mal loti en matière de qualité d’emploi : près de 40% des travailleurs estiment que la situation de leur emploi est « tendue ».

On a donc en France une structure de l’emploi plutôt précaire, qui peut favoriser de mauvaises conditions de travail : instabilité de l’emploi, revenus fluctuants, difficultés à créer un contexte social de travail stable. Mais cela va plus loin : c’est en fait l’ensemble des conditions de travail en France sont sont dégradées, y compris les conditions de management.

Des conditions de développement par le travail dégradées

D’abord, les données montrent que le travail en France ne permet pas vraiment de subvenir à ses besoins de base : salaire, développement, reconnaissance.

Des conditions de salaires peu favorables

En matière de salaire moyen en équivalent temps plein, la France, pourtant 2ème puissance économique du continent, ne se se situe qu’à la 11ème position parmi les pays européens. Si l’on regarde le salaire médian, la France arrive à peine à la moyenne des 19 pays européens les plus avancés. Cette situation mitigée sur le plan salarial se traduit dans l’enquête européenne sur les conditions de travail : 13% seulement disent clairement qu’ils sont assez payés par rapport à l’effort qu’ils produisent au travail. C’est trois fois moins qu’en Allemagne, ou au Danemark, deux fois moins qu’en Belgique. La question du partage de la valeur est d’ailleurs en ce moment sur toutes les lèvres, puisque des accords sont négociés entre les partenaires sociaux. Mais on ne peut que constater qu’une bonne partie des Français estiment désormais que leur travail ne paie pas assez, et ce notamment avec l’inflation.

Et ils le ressentent d’autant plus que la structure des revenus est très inégalitaire. La France, malgré la place centrale de « l’égalité » dans sa devise, ne fait pas tellement mieux en matière d’inégalités salariales que les autres pays européens. La situation s’aggrave même : il y a une dizaine d’années, un patron de grande entreprise française gagnait environ 64 fois plus que le salaire moyen dans son entreprise. Aujourd’hui, ce chiffre est passé à 97. Les millions de salariés au SMIC gagnent 250 fois moins que les grands patrons du CAC40. Difficile dans ce contexte de considérer sa rémunération « juste ».

En fait, le revenu disponible pour les travailleurs tend même à baisser, si on le compare avec l’inflation. En 2022, les revenus moyens ont augmenté en France à peine aux niveaux de l’inflation, qui ne compte pas la hausse du prix de l’immobilier. Et ce sont surtout les primes qui sont en hausse, soit un revenu non-durable.

Le manque de perspectives de carrière et de reconnaissance

Alors, les perspectives sont-elles meilleures pour demain ? Pas tellement. Pour les prochains mois, les augmentations devraient encore se situer au niveau du taux d’inflation, pas plus. Et encore, dans certaines entreprises, les augmentations sont gelées (alors que la hausse du chiffre d’affaires, pas forcément). Cela fait trois ans au moins que les représentants patronaux, par la voix de Geoffroy Roux de Bézieux, disent que les salaires vont augmenter. La réalité, c’est qu’ils stagnent en parité de pouvoir d’achat. Près d’un tiers des français estiment que leur ménage a des difficultés à joindre les deux bouts, et on compte en France plus d’un million de travailleurs pauvres.

En matière de développement de carrières, pas mieux : à peine 19% des Français estiment clairement que leur emploi leur offre des perspectives de carrière et d’avancement. Dans de nombreux métiers, difficile de progresser, que ce soit en termes de responsabilités ou de salaires : c’est le cas de certains métiers de la fonction publique (comme l’enseignement) mais aussi dans les métiers du privé, dans l’interim, etc.

Et on ne peut même pas dire que cela soit compensé par une reconnaissance dans leur travail. 10% seulement sont clairement d’accord avec l’idée qu’ils reçoivent la reconnaissance qu’ils méritent pour leur travail.

De mauvaises conditions de travail physiques et psychiques

Ensuite, contrairement aux idées reçues, les actifs français ne travaillent pas vraiment moins qu’ailleurs. Avec une durée moyenne effective autour de 39 heures pour les emplois à temps complet, la France est proche de la moyenne Européenne (40 heures). On travaille plus en France qu’en Italie, aux Pays-Bas ou au Danemark, par exemple, comme le montrent les données de la DARES.

Dans les faits, les travailleur français font même souvent plus que leurs heures : 40% des travailleurs travaillent plus que les heures inscrites dans leur contrat, et bien souvent, ces heures supplémentaires ne sont pas payées. 39% doivent travailler sur leur temps libre plusieurs fois par mois pour atteindre leurs objectifs : c’est l’un des taux les plus élevés d’Europe avec le Royaume-Uni (43%).

Des contraintes physiques dans le travail

De plus, la France compte une part importante de métiers exposés à des risques physiques : environ un salarié sur 5 est exposé souvent à des produits toxiques ou dangereux, 41% à des bruits forts. C’est plus qu’en Allemagne, Espagne, Italie, et la plupart des pays d’Europe de l’Ouest. Même chose pour le port de charges lourdes : un quart des salariés est concerné en France, soit nettement plus que la moyenne européenne. Deux tiers sont exposés à des mouvements répétitifs des bras ou des mains, là encore, nettement au-dessus de la moyenne européenne.

Les évolutions économiques et les politiques d’emplois en France ont favorisé la polarisation du marché de l’emploi, et la hausse des emplois non-qualifiés, qui représentaient un peu plus de 8% de l’emploi au début des années 1980 contre près de 15% aujourd’hui. Employés de manutention, employés de la grande distribution ou de la transformation agro-alimentaire, agents de sécurité, agents d’entretien ou de services à la personne : ces emplois se sont multipliés ces dernières décennies, puisqu’on en compte plus d’un million et demi de plus qu’il y a 40 ans. Ce sont souvent des métiers pénibles, mal payés, peu valorisés.

De plus, les conditions de travail dans ces métiers ont tendance à se dégrader, à cause notamment des injonctions à la productivité. Près de 80% des Français sont régulièrement contraints de travailler dans l’urgence, avec des deadlines courtes. 52% y sont même contraints quotidiennement ou souvent. Les difficultés physiques sont aussi fréquentes : la France fait partie des pays les plus atteints par les troubles musculo-squelettiques : deux salariés sur trois ont des douleurs aux épaules, aux membres supérieurs, au dos… 40% ont des douleurs aux membres inférieurs.

Des conditions émotionnelles et de santé difficiles

Les conditions de travail sont aussi difficiles en France sur le plan mental. Un quart des salariés disent vivre souvent ou quotidiennement des situations émotionnelles dérangeantes au travail. C’est deux fois plus que l’Italie ou la Suisse, nettement plus que l’Espagne, l’Allemagne, ou la Belgique. En fait, la France est le pays le plus touché en Europe de l’Ouest.

La DARES a publié une étude sur ce sujet, et montre qu’en effet, de nombreux salariés sont soumis à un risque psycho-social que l’on appelle les « exigences émotionnelles », et qui regroupe des situations de travail dérageantes du point de vue éthique et émotionnel. Devoir cacher ses émotions, devoir éviter de donner son avis, mentir à des clients, faire des choses que l’on désapprouve, des choses inutiles, ou dégradantes, ou encore avoir le sentiment de devoir sacrifier la qualité de son travail, par manque de moyens, de temps ou de formation… Les salariés sont régulièrement exposés à ce type de situation qui nuisent à l’estime de soi, à la santé mentale ou à la fierté de bien faire son travail.

61% se disent aussi trop fatigués après le travail pour faire leurs activités personnelles, et 66% inquiets après le travail, preuve que le travail pèse sur le moral y compris lors des temps personnels.

Avec ces contraintes physiques et mentales, de nombreux salariés finissent fatigués, en burn-out, à bout. Selon l’étude européenne sur les conditions de travail, un salarié sur deux en France est en épuisement émotionnel et / ou physique. C’est tout simplement le plus haut niveau en Europe avec l’Albanie et la Serbie… 40% des salariés disent que leur travail met en danger leur santé, un sur deux souffre d’anxiété, et un quart est en risque clinique de dépression. Et pourtant : ils continuent à travailler. Environ 37% des salariés déclarent avoir du travailler lorsqu’ils étaient malads durant les 12 derniers mois.

Une crise profonde du management français

Ces conditions de travail dégradées en France sont liées plus globalement à une crise du management dans les entreprises françaises. Car si l’on regarde attentivement les données, on voit que c’est l’organisation du travail, les relations avec la direction et le management, et la gestion quotidienne du travail qui est à l’origine de nombreux dysfonctionnements dans le travail.

Un management autoritaire et peu ouvert au dialogue social

D’abord, le fonctionnement managérial des entreprises françaises est souvent décrit comme très hiérarchique, autoritaire. C’est ce qui découlait, déjà en 2017, d’une enquête menée par des universitaires de l’Université de Princeton et de l’ESCP auprès de cadres étrangers évoluant dans les entreprises françaises. On juge ainsi les cadres des entreprises françaises individualistes, autoritaires, orientés vers la performance. Près d’un cadre sur deux interrogé dans cette enquête ne jugeait pas les managers français « humains ». Un sur trois à ne les jugeait pas « éthiques ».

Ce sont des données qui recoupent celles des enquêtes sur le travail en France, et notamment l’enquête de la Fondation Jean Jaures sur le rapport des français au travail. Dans cette étude, les actifs notaient que leur management prenait beaucoup plus en compte les besoins des clients que ceux des salariés. Et les études européennes montrent que la France est effectivement l’un des pays d’Europe où le management est le moins à l’écoute. Par exemple, près de 30% des travailleurs français n’ont pas de comité ou de délégué pour la santé et la sécurité au travail dans leur entreprise. C’est deux fois plus que la moyenne européenne !

Les managers français sont souvent réticents au dialogue social, à l’instauration de collectifs de salariés, comme les CSE. Dans la lignée des pratiques managériales néo-tayloristes, un certain nombre de managers envisagent les relations de travail de manière hyper-individualisées. Il y a donc peu de place pour le dialogue social d’entreprise, les négociations collectives, les instances collectives. C’est ce que révèlent les études Eurofound sur le dialogue social en Europe : la France est parmi les pays où le dialogue social est le plus limité, avec la Grèce, Malte, ou l’Irlande. À l’inverse, en Allemagne, ou dans les pays du Nord de l’Europe, le dialogue social fonctionne à plein. Même le CESE révélait en 2016 les insuffisances du dialogue social en France.

Des salariés peu écoutés, une relation de défiance avec le management

Dans le détail, l’enquête européenne sur les conditions de travail montre que 20% seulement des salariés disent avoir toujours une influence sur les décisions qui sont importantes pour leur travail. La moitié des salariés disent ne pas être souvent consulté par rapport aux objectifs qui lui sont fixés. Un tiers des salariés disent qu’ils n’ont pas vraiment de réunion régulière pour s’exprimer sur ce qu’il se passe dans leur entreprise. Et quand ils en ont, pas sûr qu’ils puissent réellement s’y exprimer librement, puisqu’une part significative dit aussi devoir se retenir de donner son avis dans l’entreprise.

Le manque de concertation produit des entreprises divisées, où la hiérarchie définit et fixe des objectifs et des lignes directrices stratégiques sans écouter les remontées des salariés. Ceux-ci doivent alors appliquer des méthodes définies sans eux, en décalage avec la réalité de leur travail : 16% seulement des travailleurs français disent avoir toujours la possibilité d’adapter eux-même leurs méthodes de travail. C’est 26% en Autriche, en Italie, 29% en Allemagne. Un management déconnecté des réalités de travail produit donc un sentiment d’absurde et d’isolement chez les salariés.

En fait, un quart des salariés français travailleraient dans une organisation avec un niveau bas de confiance et de coopération. À peine 22% ont pleinement confiance dans leur management, et moins d’un salarié sur deux estime que le management fait confiance à ses salariés. Globalement, beaucoup de salariés ont le sentiment de ne pas vraiment être écoutés. Par exemple, moins d’un salarié sur trois se sent toujours soutenu et aidé par son manager.

La crise des conditions de travail en France : une situation inquiétante

Tous ces facteurs constituent des causes d’un mal-être au travail qui se généralise, et qui explique d’ailleurs peut-être les crispations qui entourent les questions liées au travail, en particulier, autour de la réforme des retraites.

Les réformes successives du travail, de l’assurance chômage, des retraites ces dernières années ont échoué à prendre en compte cette hausse de la pénibilité et cette dégradation des conditions de travail. Au contraire, elles vont bien souvent dans le sens inverse, en ajoutant une pression économique et sociale au monde du travail.

L’inquiétante dégradation des conditions de travail reste donc apparemment un impensé des politiques publiques françaises, et des directions des entreprises. Tant que l’on évitera de se confronter à la question essentielle de la pénibilité, de la transformation du management, et du dialogue social, on peut parier que la crise du travail ne fera que se renforcer.

 

source : https://youmatter.world/fr/conditions-travail-france-bilan-chiffres-mauvaise/


04/05/2023


Inégalités salariales : aux grandes entreprises les gros écarts

Alors que les grandes entreprises françaises annoncent régulièrement des profits records, le partage des richesses produites au sein de ces entreprises continue d’être largement inégal.

Oxfam France s’est penchée sur les 100 plus grandes entreprises françaises cotées en bourse en étudiant la part de richesse alloué aux salarié·e·s entre 2011 et 2021. Nous montrons ainsi que, sur cette période, l’écart de rémunération entre le salaire moyen et le salaire des dirigeants est passé de 64 à 97.

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Ecarts de salaire au sein des grandes entreprises : le fossé se creuse

En 10 ans, les écarts de salaire au sein des 100 plus grandes entreprises françaises cotées en bourse n’ont cessé de s’accélérer. Entre 2011 et 2021, leurs PDG ont augmenté leur rémunération de 66% tandis que celle des salari·é·s n’a augmenté que de 21% et le SMIC de 14%. Le dirigeant le mieux payé, Carlos Tavares de l‘entreprise Stellantis (Peugeot, Citroën, Fiat …), a même atteint le montant astronomique de 66 millions d’euros en 2021, soit l’équivalent de plus de 3 420 SMIC !

En 10 ans, la part dédiée à la rémunération du travail dans la valeur ajoutée est passée de 61% à 51%, soit une baisse de 10 points. Selon les calculs d’Oxfam France, chaque salarié du CAC 40 aurait pu toucher un chèque de 10 000 euros en moyenne l’an dernier si on avait continué à redistribuer les richesses créées de la même façon qu’il y a 12 ans.

Les inégalités femmes-hommes subsistent également : moins de 11% des entreprises sont dirigées par des femmes et les femmes dirigeantes gagnent en moyenne 36% de moins que les hommes.

Les pires écarts de rémunération

Parmi les 100 plus grandes entreprises françaises, certaines creusent davantage les inégalités salariales que les autres ! C’est le cas de l’entreprise Teleperformance, leader mondial des call center, dont le PDG Daniel Julien gagnait, en 2021, 1484 fois plus que le ou la salarié·e moyen·ne de son entreprise.

En deuxième position du classement se trouve Stellantis, avec un écart de rémunération de 1139 entre le salaire moyen et son PDG. Carlos Tavares, le PDG de Stellantis, gagne en 3h22 l’équivalent du salaire annuel moyen de son entreprise.

Enfin, Dassault Systèmes ferme le podium : l’entreprise éditrice de logiciels rémunère 385 fois plus son dirigeant, Bernard Chalès, que son ou sa salarié·e moyen·ne.

Des rémunérations dépendantes de critères financiers courts-termistes

Si de tels écarts sont possibles, c’est parce que les rémunérations des PDG sont de plus en plus indexées sur des critères court-termistes financiers, incitant les dirigeants à privilégier les intérêts des actionnaires à court terme plutôt que l’intérêt de long terme de l’entreprise et de l’ensemble de ses parties prenantes, en premier lieu les salarié·e·s. Les trois plus grosses rémunérations du Top 100 sont basées en moyenne à 89 % sur
des critères financiers.

Par ailleurs, c’est aussi au sein des Conseils d’Administration, lieu stratégique de l’entreprise et où les salarié·e·s sont très peu présent·e·s, qu’une partie du problème (et de la solution) réside.

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Nos recommandations

Pour un meilleur partage de la valeur au sein des grandes entreprises, Oxfam France appelle à :

  • Imposer un écart de rémunération de 1 à 20 entre le salaire du dirigeant et le salaire moyen de l’entreprise ;
  • Accélérer les efforts en matière de réduction des écarts de salaire entre les femmes et les hommes ;
  • Réviser la conception des rémunérations des dirigeants en supprimant les critères boursiers et en privilégiant les critères de rémunération extra-financiers, notamment sociaux et climatiques ;
  • Renforcer la représentation des salarié·e·s au sein des Conseils d’Administration, Surveillance ou Directoire, en tenant compte de la diversité géographique des effectifs du groupe ;
  • Utiliser la fiscalité comme outil pour plus de justice dans la redistribution des richesses en entreprise, en supprimant la flat tax tout en réalignant la fiscalité du capital sur la fiscalité du travail.

source : https://www.oxfamfrance.org/rapports/inegalites-salariales-aux-grandes-entreprises-les-gros-ecarts/


04/05/2023


Macron vu de l'étranger

L’image de Macron, un an après sa réélection, a changé dans la presse internationale

Un an après sa réélection, la presse internationale n’est pas tendre avec Macron

Un an après sa réélection, la presse internationale n’est pas tendre avec Macron© Fournis par Le Huffington Post

POLITIQUE - 24 avril 2022 : la presse internationale dit son « soulagement » après la réélection d’Emmanuel Macron face à Marine Le Pen. Un an plus tard, le ton est radicalement différent : le président de la République inquiète, autant pour sa méthode sur la réforme des retraites que sur plan de la diplomatie mondiale.

Le 14 avril, l’éditorialiste Enric González du quotidien espagnol El Pais a écrit ses doutes : l’adoption à marche forcée du projet présidentiel ne constitue-t-elle pas « un levier de taille » pour Marine Le Pen et l’extrême droite à la prochaine présidentielle ?

Il n’est pas le seul à s’interroger : « La mauvaise gestion arrogante du président de la République sur la réforme controversée des retraites a profondément abîmé la confiance dans les institutions politiques, et profitera vraisemblablement à Marine Le Pen et à l’extrême droite », pointe un édito du quotidien britannique The Guardian deux jours plus tard.

La réforme des retraites a écorné l’image du président. Pas sur le fond - au Royaume-Uni et aux États-Unis, la majorité de la presse juge normal le recul de l’âge légal de départ à la retraite. « 62 ans, pour partir à la retraite, c’est bas, même selon les normes des pays occidentaux », pointe l’humoriste britannico-américain John Oliver dans son émission « Last Week Tonight » du 3 avril.

« Le fait est que Macron doit revoir sa stratégie »

Ce qui choque, c’est la méthode : la réforme des retraites est passée « sans vote » insiste le comédien à deux reprises dans a sa pastille d’environ 4 minutes. Avant de juger « plutôt insultante » la « seule concession du gouvernement », à savoir la reprise un dialogue... mais sur d’autes points que le recul de l’âge de départ. « Le fait est que Macron doit revoir sa stratégie », juge John Oliver, pour le plus grand bonheur des opposants français qui ont relayé l’extrait.

Ces critiques se font encore plus virulentes chez nos voisins allemands. Le quotidien de gauche Die Tageszeitung et son éditorialiste Rudolf Balmer n’hésitent plus à parler d’une « obstination » et d’une « arrogance » rarement vue, dans un édito intitulé « L’incompréhensible entêtement d’Emmanuel Macron sur les retraites ».

Le 15 avril, l’éditorialiste du Tagesspiegel, de sensibilité de droite, ose la comparaison : « À quoi ressemblerait le jugement public si des populistes nationaux comme Viktor Orban à Budapest ou le gouvernement à Varsovie imposaient une réforme aussi fondamentale que le relèvement de l’âge de la retraite avec des méthodes autoritaires similaires à celles de Macron à Paris : sans vote au parlement. » Le 24 avril 2022, le même quotidien décrivait au contraire « l’humilité » du président réélu qui quelques instants après sa victoire, admettait « que beaucoup de nos concitoyens ont voté pour moi aujourd’hui pour empêcher les idées de l’extrême droite et non pour soutenir les miennes. » Le regard a bien changé.

« Apaiser le pays, qu’il disait… »

Les critiques sur le président français portent aussi sur sa gestion des affaires internationales. Celui qui se présentait en février 2022 comme un possible médiateur entre la Russie et l’Ukraine a échoué à entrouvrir une porte de sortie dans le conflit. Et plus récemment, sa visite en Chine et sa sortie sur « l’autonomie stratégique » de l’UE ont achevé d’étonner la presse étrangère. « Macron aurait-il complètement perdu les pédales ? » interroge le magazine allemand Der Spiegel, tandis que le New York Times se fait ouvertement critique le 8 avril. « À l’heure où les relations sino-américaines sont au point mort, monsieur Macron a affirmé une position européenne indépendante », souligne le quotidien historique, dans un article critique titré « La diplomatie française sape les efforts américains de retenir la Chine » .

Vu de Suisse, le président français se trouve donc dans une position inextricable, aussi bien sur le plan national qu’international : « Ces ratés (de la communication macronienne) ne se sont pas limités aux prises de parole franco-françaises. (...). C’est désormais dans le monde entier que l’on ne comprend plus le président qui plaisait tant », écrit Paul Ackermann, éditorialiste du Temps, le 16 avril.

L’allocution présidentielle du lendemain, où Emmanuel Macron a reconnu que la réforme des retraites n’était pas acceptée, sans pour autant faire marche arrière sur le fond, ne change rien au ressenti, comme le relèvent nos confrères de Courrier International.

Le lendemain, le quotidien belge Le Soir décrit ainsi « un président vertical », tandis que La Libre Belgique note son ton « un tantinet professoral ». Et toujours, en creux, la question des conséquences de cette politique à l’horizon 2027. Le 19 avril, l’envoyée permanente du Soir en France évoque le projet de loi immigration en préparation au gouvernement. « Après la bataille des retraites, le sujet de l’immigration revient en force. Par calcul politique. Gare au retour de boomerang », écrit-elle en introduction d’un article intitulé « Immigration en France : apaiser le pays, qu’il disait… », dans une allusion moqueuse aux cent jours voulus par le président de la République pour détendre le climat social.

source : https://www.msn.com/fr-fr/actualite/other/l-image-de-macron-un-an-apr%C3%A8s-sa-r%C3%A9%C3%A9lection-a-chang%C3%A9-dans-la-presse-internationale/ar-AA1af8s7?ocid=winp1taskbar&cvid=42d66839601d4fb9b7519d35e440c6ae&ei=13


04/05/2023


Cagnotte solidaire

solidarité

 

 

 

 

 

 

 

Sébastien a été éborgné à la suite d'un éclat de grenade de désencerclement reçu directement dans l'œil gauche à la manifestation du 23 mars. Il en a définitivement perdu l'usage.

Il était dos aux forces de l'ordre et portait un gilet fluo, il ne représentait aucun danger !

C'est un cheminot exemplaire et impliqué depuis plus de 25 ans à la SNCF mais également un père de famille qui était présent ce jeudi 23 mars pour défendre ses droits et ceux des autres pacifiquement en manifestant dans la rue !

Il est inconcevable et inimaginable de revenir avec des séquelles graves et irrévocables ou même pire, de risquer pour sa sécurité et pour sa vie en allant manifester en France !

Ce qui est arrivé à Sébastien peut vous arriver, sa vie et celle de sa famille / proches ne seront plus jamais les mêmes...

Merci à toutes les personnes qui décideront de le soutenir, chacun à votre manière ! 🙏

https://www.leetchi.com/c/en-soutien-a-sebastien-cheminot-eborgne?fbclid=IwAR2PkXYJwKqmQpmWJCon_RIjokaFJwpXe4afoJqd5BaDVrBGfPdaqNbJy5Q


04/04/2023


Guide du manifestant arrêté du Syndicat de la Magistrature

 

LE DOCUMENT COMPLET EN PDF ICI


22/03/2023


Sauvez des vies, donnez votre sang !

don du sang-1

don du sang-2

 

Donnez votre sang et sauvez des vies

 

 


20/01/2023


Une signature qui change la donne

Taxer les superprofits des multinationales pour financer les cantines, les transports et les rénovations, c'est encore possible !

Avec l’Alliance écologique et sociale, nous avons lancé un grand appel pour remettre le sujet à l’agenda politique.

Si nous obtenons 100 000 signatures, les parlementaires devront rouvrir le débat avec à la clé, plus de justice sociale et environnementale. Vous et vos proches pouvez changer la donne !

 

Je signe la pétition


05/01/2023


Faites voter FSU aux élections pro dans la Fonction Publique du 1er au 8 décembre

Faites voter FSU aux élections pro dans la Fonction Publique !

 

Faites voter FSU !


05/12/2022


Soutien à notre collègue de philosophie : Halte aux menaces de l'extrême droite

Soutien à notre collègue de philosophie


01/12/2022


Observatoire de l’OIT sur le monde du travail. Dixième édition Des crises multiples menacent la reprise du marché du travail

 

 

Accéder à l'ensemble du document


04/11/2022


Covid-19 : la justice donne raison à Anthony Smith, inspecteur du travail sanctionné pour avoir exigé des masques pour des salariés

Mis a pied en plein confinement, en mars 2020, puis muté par Elisabeth Borne, alors ministre du travail, M. Smith assurait n’avoir fait « que [son] travail ».

 

L’inspecteur du travail Anthony Smith, à Paris, le 7 mai 2022.

Le tribunal administratif de Nancy a annulé, jeudi 20 octobre, la sanction prononcée contre Anthony Smith, inspecteur du travail mis à pied, puis muté, en 2020, pour avoir désobéi à sa hiérarchie au début de l’épidémie de Covid-19. « Ce jugement confirme qu’Anthony n’a fait que son métier » et « vient éclairer le caractère purement politique de la sanction », s’est rapidement félicité son comité de soutien dans un communiqué publié sur Twitter.

Il était reproché à M. Smith d’avoir exigé la mise à disposition d’équipements de protection individuelle, notamment des masques, et la mise en œuvre de mesures de protection contre le Covid-19, au bénéfice de salariées d’une association d’aide à domicile de la Marne, à une époque où les masques, qui faisaient défaut, n’étaient pas obligatoires.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Anthony Smith, l’inspecteur qui faisait trop bien son travail

L’inspecteur avait été mis à pied en avril 2020, en plein confinement, alors que Muriel Pénicaud était ministre du travail. Sa successeure, Elisabeth Borne, l’actuelle première ministre, avait ensuite transformé la sanction en mutation d’office en Seine-et-Marne, avant de prononcer finalement une mutation dans la Meuse, plus proche du domicile de M. Smith. Mme Borne avait critiqué la gestion de l’affaire par le chef de la direction générale du travail de l’époque, qui a par la suite démissionné.

Une sanction « disproportionnée »

A l’audience devant le tribunal administratif, en septembre, la rapporteuse publique avait requis l’annulation de la sanction, la jugeant « disproportionnée compte tenu de la faible gravité des faits reprochés ». « Ce dossier est vide, je n’ai fait que mon travail d’inspecteur du travail », avait affirmé M. Smith, entouré par plusieurs dizaines de personnes, dont les députées « insoumis » Mathilde Panot et Caroline Fiat, venues le soutenir.

Lire aussi Article réservé à nos abonnés Crise due au coronavirus : des mobilisations en soutien à l’inspecteur du travail suspendu

Il avait dénoncé une sanction prise « pour des raisons politiques » et une « attaque contre les inspecteurs et inspectrices du travail ». Son avocat, Me Renaud Fages, avait, quant à lui, évoqué un « dossier monté de toutes pièces », « pour taper sur un syndicat, la CGT », dont Anthony Smith est adhérent.

Le Monde avec AFP

 

SOURCE


21/10/2022


La folie néolibérale fait grimper le prix de l’électricité

 

Depuis plusieurs années, les hausses continuelles du coût de l’électricité en France n’ont échappé à personne. De 2010 à 2019, les tarifs s’étaient déjà envolés de 50% ; mais suite à la crise du Covid-19, l’escalade ne semble plus pouvoir s’arrêter. Dans ce drame, les politiques de l’énergie imposées par l’Union Européenne portent une responsabilité fondamentale. Introduction à cette dimension du problème.

Tout récemment, ce sont les prévisions du prix de gros de l’électricité pour 2023 qui ont défrayé la chronique. On annonce en effet 1000€ le mégawatt-heure l’année prochaine, contre seulement 85€ il y a un an. Et même si le tarif des particuliers n’est pas directement lié au prix de gros, plusieurs autres facteurs ont de quoi faire paniquer bon nombre de ménages.  

Une conjoncture défavorable 

 

Les prix pourraient d’abord augmenter à la défaveur d’une production nucléaire française historiquement faible : 32 réacteurs nucléaires sur 56 sont actuellement à l’arrêt pour cause d’entretien ou de corrosion due à la sécheresse.

La remise en service de plusieurs centrales pourrait même prendre du retard et pénaliser l’approvisionnement cet hiver. À cause de ces défaillances de réseau, que beaucoup nous présentaient pourtant comme infailliblela France se trouve en ce moment contrainte d’importer de l’énergie. 

De nombreux observateurs ont aussi pointé du doigt la guerre en Ukraine comme responsable de la crise énergétique. En représailles des sanctions économiques qu’elle a subies de la part de l’Union Européenne, la Russie a, en effet, choisi de limiter l’alimentation des pays occidentaux en gaz. Résultat, les prix de l’électricité bondissent. D’une part, parce qu’une fraction de l’électricité est produite grâce à ce gaz, mais surtout parce que les prix du courant sont directement liés à celui du gaz en raison des réglementations européennes.  

L’absurde système européen  

 

En effet, le marché unique européen pénalise fortement la France, puisque les prix de gros de l’électricité sont alignés sur la production des centrales énergétiques européennes les plus chères, en l’occurrence celles au gaz. On amplifie ainsi les tarifs en se fixant sur des critères complètement indépendants du coût réel de fabrication globale. Autrement dit : comme le gaz augmente, tout augmente.

Mais le cœur du scandale réside sans doute dans la mise en concurrence d’EDF avec d’autres fournisseurs. Imposée par l’UE, cette rivalité totalement artificielle ne répond qu’à une logique dogmatique du néolibéralisme.  

En France, deux géants nationaux, Engie (ex GDF-Suez) et surtout EDF, élaborent et distribuent 95% du courant électrique. Et pourtant, il existe une constellation de marchands. Si certains comme Enercoop ou Ilek produisent eux-mêmes par l’intermédiaire d’énergies renouvelablespendant que d’autres fournisseurs dits verts cachent des mines de charbonsl’immense majorité d’entre elles se contentent d’acheter cette énergie à EDF pour ensuite la revendre.

Et pour cause, la loi imposait à EDF de solder à ses concurrents 100 terawatts-heures (soit un quart de sa production nucléaire) à des prix cassés. Pire, le gouvernement a fait augmenter cette quantité à 120 terawatts-heures, alors même que la production globale est en baisse. Toutefois, les fournisseurs concurrents n’ont, de leur côté, aucune obligation d’acheter. Tels des  courtiers, ils saisissent simplement le moment opportun, c’est-à-dire lorsque les prix sont au plus bas. Ce qui explique que certaines entreprises invitent en ce moment leurs clients à résilier leur abonnement.  

Perte d’argent pour EDF 

 

Et pour entretenir cette concurrence factice, EDF est même obligé de vendre à perte. Pire encore, lorsqu’elle ne dispose plus assez d’énergie à céder à ses rivaux, elle est forcée d’en racheter au prix fort sur les marchés pour ensuite la sacrifier à bas coût aux fournisseurs concurrents.  

Au bout du compte, le revendeur principal des Français se trouve alors obligé d’augmenter ses propres prix, pour que ses adversaires puissent survivre à ses dépens et rester compétitifs. Le tarif réglementé d’EDF doit donc être fixé à un niveau supérieur de celui des autres marchands. Un mécanisme digne d’un roman de Kafka, pourtant en vigueur depuis 2015. 

Dans ces circonstances, on aurait pu penser que la future renationalisation d’EDF, annoncée par le gouvernement, serait une bonne raison de se réjouir. Seulement, elle n’interviendra pas dans un contexte de monopole d’État puisque les fournisseurs concurrents et la tarification absurde du marché européen unique existeront toujours.  

Le plan paraît plutôt fondé sur une relance massive du nucléaire et sur une socialisation des pertes essuyées par EDF. Dans le même temps, les énergies renouvelables, bien plus rentables que l’atome, pourraient être privatisées. Une façon pour le gouvernement de renouer avec le projet Hercule dont l’objectif était de découper l’entreprise publique EDF pour la soumettre au droit européen de la concurrence. Rien qui ne semble, en tout cas, pouvoir faire diminuer la note. 

Si pour le moment, la flambée des prix est contenue à hauteur de 4% par un bouclier tarifaire mis en place par l’État, ce dispositif prendra fin en février 2023. Les macronistes ont promis qu’ils ne laisseraient pas les factures exploser, mais ils ont cependant admis qu’ils ne pourront pas geler les prix éternellement et qu’une hausse des tarifs est à prévoir. Pas de quoi rassurer les  ménages déjà fortement touchés par l’inflation galopante… Pendant que les classes les plus riches continuent de profiter allègrement d’une dépense énergétique bien supérieure. 

 

 

SOURCE


21/10/2022


Eclairage sur la réforme des retraites par Michael ZEMMOUR

 

En septembre 2022, la FSU tenait son CDFN de rentrée.

En lien avec l’actualité, la FSU a voulu apporter un éclairage sur la réforme des retraites, de nouveau à l’ordre du jour du gouvernement Macron.

A cette occasion, la fédération a invité Michael ZEMMOUR, maître de conférence en Économie à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, pour nous donner son analyse sur le projet de réforme avancé, et ses impacts sur la société.

Retrouvez son intervention dans le lien ci dessous : 

 

 


07/10/2022




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