Grand oral de Macron sur France 3 : le cancre de la classe attise la guerre sociale

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Présentation biaisée du fonctionnement de nos institutions, comparaisons historiques non fondées, raisonnements économiques erronés… le Président de la République a un rapport de plus en plus personnel à la réalité. Mais quand il s’agit de stigmatiser les pauvres, on peut compter sur lui !

Cher Emmanuel Macron, aujourd’hui, avec les potes de la maison de retraite, sur les coups de 13 heures, nous vous avons attentivement écouté. Voici votre bulletin… et ce n’est pas brillant.

Droit constitutionnel : vous ne savez pas ce qu’est un vote.

Vous déclarez : « Ce texte a été préparé par le gouvernement après des mois de concertation. Il a été voté par le Sénat, puis adopté par l’Assemblée suite à l’utilisation de l’article dit 49.3, et donc par le vote d’une mention de censure contre le gouvernement, qui a échoué. »

C’est faux : il n’y a eu aucune concertation. De plus et surtout, vous laissez entendre que le projet de réforme des retraites a été « adopté par un vote », ce qui est contraire aux faits.

Histoire : des comparaisons inacceptables.

Vous dites : « Les syndicats ont une légitimité. Quand ils défilent, je les respecte. Mais, quand des groupes utilisent l’extrême violence pour agresser des élus de la République, alors ça n’est plus la République. Quand les États-Unis d’Amérique ont vécu ce qu’ils ont vécu, au Capitole, quand le Brésil a vécu ce qu’il a vécu, ou parfois par le passé chez nous… […] Je vous le dis très nettement, on ne peut accepter ni les factieux ni les factions. »

Mathématiques : vous confondez durée de vie et recettes de la Sécurité sociale

Vous dites : « Quand je suis entré dans la vie active, il y avait 10 millions de retraités. Aujourd’hui, il y en a 17. Quand je partirai à la retraite, il y en aura 20 millions. Est-ce que vous pensez que l’on peut continuer avec les mêmes règles ? »

Ben oui. Le financement des retraites a été assuré depuis 1945 grâce à un moyen simple : la hausse des cotisations. De plus, le pic du vieillissement de la population, avec l’arrivée à l’âge de la retraite de la génération du « baby-boom », est intervenu vers 2010. Il est donc derrière nous – et non pas devant, comme vous l’affirmez.

Économie : reprenez-vous ! Même à l’ENA, il a plusieurs solutions à tout

Vous déclarez : « Nous avons un système par répartition : ce sont nous les actifs qui finançons aujourd’hui les retraites. Nous ne finançons pas les nôtres. Il n’y a pas 36 solutions si l’on veut que le régime soit équilibré ; il ne l’est plus. »

Là où vous avez raison, c’est qu’il n’y a pas trente-six solutions pour financer les retraites, mais sans doute encore plus. Citons par exemple : l’égalité salariale femme-homme, qui accroîtrait les recettes de la Sécurité sociale ; la hausse des salaires ; la garde d’enfants gratuite, pour permettre aux parents de plus travailler ; l’amélioration massive des conditions de travail ; le plafonnement des retraites les plus élevées ; l’accès des personnes venant de pays extérieurs à l’UE aux emplois qui leur sont actuellement fermés ; etc.

Un Président ne devrait pas mentir comme ça

Nous faire pleurer avec le déficit que vous creusez comme personne : trop bien. Vous déclarez : « La formule magique, qui est implicitement le projet de toutes les oppositions, c’est le déficit. Or qu’est-ce que le déficit ? Vous choisissez de faire payer vos enfants, parce qu’aujourd’hui vous refusez de décider avec clarté et courage. »

Votre majorité a voté à l’automne dernier un déficit du budget de l’État de 160 milliards d’euros pour cette seule année 2023. Basé sur des hypothèses « optimistes », ce budget est faux : le 31 décembre, le déficit sera encore plus élevé. La réforme des retraites ne permettra que 7 milliards d’euros d’économie – et ce, sans prendre en compte la hausse des dépenses d’assurance-chômage et de RSA des personnes qui seront sans emploi à la fin de leur carrière, ni la hausse des dépenses de santé causée par les corps que vous avez décidé d’abîmer encore plus qu’ils ne le sont aujourd’hui.

Creuser la dette publique à hauteur de 160 milliards pour, quelques mois plus tard, mettre le pays en feu pour gratter 7 milliards ? Le jury vous accorde la palme du cynisme.

Oser parler des services publics que vous détruisez méthodiquement : du grand art

Vous nous dites : « On doit investir dans nos services publics, notre école, notre santé. On ne peut pas prendre cet argent pour le mettre sur les retraites. »

Vous êtes, de loin, le Président de la République qui a le plus diminué les impôts sur les entreprises et les hauts revenus. Le Crédit d’impôt compétitivité emploi, la suppression de l’ISF, la baisse de divers impôts payés par les entreprises, la suppression de la taxe d’habitation, ont, au total, fait perdre plusieurs centaines de milliards de recettes à l’État et à la Sécurité sociale. Ce sont ces graves décisions qui bousillent nos services publics.

Accabler les syndicats : tableau d’honneur

Vous avez déclaré aujourd’hui : « Je regrette qu’aucune force syndicale n’ait proposé de compromis. Là où historiquement les forces syndicales pouvaient proposer des compromis, on nous a dit : aucune réforme. »

C’est faux, puisque la CFDT, par exemple, accepte le rallongement de la durée de cotisations à 43 ans, ce qui en fait, au passage, l’une des plus longues durées de travail d’Europe. De plus, les syndicats ont proposé de négocier à propos de la pénibilité, ce que votre gouvernement a refusé.

Enfin, vous nous avez présenté un vrai projet de société, dans lequel les entreprises n’ont aucune responsabilité, et où le premier ennemi du salarié, c’est le pauvre, l’assisté.

Ne rien demander aux patrons et alimenter la guerre sociale : mention très bien

Ne rien faire pour accroître l’emploi des plus de 50 ans, joli coup. Vous dites : « Le vrai sujet, c’est celui de l’usure professionnelle, des fins de carrières et de reconversion. »

En effet, tout le monde le dit. Mais cela oblige d’imposer des contraintes aux entreprises. C’est pour cela qu’il n’y a rien de sérieux à ce sujet dans votre réforme. Et qu’encore aujourd’hui, à part répéter que c’était « le » sujet… vous n’avez pas formulé la moindre proposition !

Parler de justice pour évoquer une potentielle mesure mineure : excellent ! Vous déclarez : « Dans cette colère qui s’est exprimée, il y a un sentiment d’injustice, qui est de dire « C’est toujours à nous de faire des efforts. » […] Ce besoin de justice, moi je l’entends. Je vais demander au gouvernement de travailler à une contribution exceptionnelle, de manière à ce que, lorsque des grandes entreprises font des profits tellement exceptionnels qu’elles rachètent leurs propres actions, leurs travailleurs puissent en profiter. »

Une mesure qui, si elle est adoptée, ne concernera que très peu de salariés, qui n’a rien à voir avec les retraites, et qui ne diminue aucune égalité dans le pays : du grand art.

Accabler les plus pauvres au nom de la justice : génie ! Car vous dites enfin : « Beaucoup de travailleurs nous disent : « Vous nous demandez des efforts, mais il y a des gens qui ne travaillent jamais, mais, quand ils seront vieux, ils auront le minimum vieillesse. » C’est pour cela qu’il faut aller chercher tous ceux qui sont au RSA, et les aider à revenir vers l’emploi, les responsabiliser. Ce sera parmi les réformes les plus importantes à venir ».

Alors les gens qui vivent bien sans travailler, cela a un nom, ce sont les rentiers comme les propriétaires de logement que vous aimez tant. Pas les personnes au RSA qui survivent à peine. De plus, conditionner le versement du RSA à une activité, c’est aboutir à ce que des personnes reçoivent un salaire horaire inférieur de moitié à celui du Smic. Et cela a été condamné par toutes les associations qui connaissent le sujet.

Mais il est vrai que dresser les salariés à l’égard des plus miséreux d’entre nous, c’est un vrai « projeeet » de société. Les quatre ans qui viennent vont être passionnants !

 

SOURCE : https://charliehebdo.fr/2023/03/politique/grand-oral-de-macron-sur-france-3-le-cancre-de-la-classe-attise-la-guerre-sociale/?utm_source=sendinblue&utm_campaign=NEWS%20QUOT%20-%20LARTICLE%20WEB%20-%20230323%20-%20ABONNES&utm_medium=email



24/03/2023
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