Le regard des Français sur les chômeurs s'est durci avec l'amélioration du marché de l'emploi

Près d'un Français sur deux (49 %) considère que la plupart des chômeurs ne cherchent pas vraiment à retrouver un emploi, selon la dernière édition du baromètre Unédic publiée ce mercredi. Soit 6 points de plus qu'en mars 2020.

 

Ils ne veulent pas travailler, ne sont pas assez contrôlés ou sont trop indemnisés : les Français continuent de porter un regard négatif sur les chômeurs, de plus en plus même, en corrélation avec l' amélioration du marché du travail , même si cette perception reste en grande partie basée sur des préjugés. C'est ce qui ressort de la quatrième édition du baromètre Elabe pour l'Unédic , l'association paritaire qui gère le régime, publié ce mercredi.

Interrogés sur les causes qui mènent à la privation involontaire d'emploi, 59 % des sondés placent toujours l'évolution de la société comme première cause, du fait de la numérisation, des délocalisations ou encore de la tendance à faire plus avec moins de collaborateurs. Sauf que c'est 6 points de moins que lors de lors de l'édition précédente du baromètre , à l'été 2021.

Ouvriers et employés très durs

A l'inverse, la responsabilité portée aux demandeurs d'emploi, deuxième cause, a encore beaucoup progressé dans les réponses (50 %, +7 points, et même +14 % par rapport au deuxième baromètre de l'été 2020). Au point de devancer celle que les Français font porter aux entreprises (45 %, -2 points), du fait de leurs exigences de recrutement contradictoires par exemple.

« Très significative », cette augmentation est partagée par toutes les catégories de la population, et de manière « particulièrement forte » chez les ouvriers ou employés (62 %, +17 points), a pointé Laurence Bedeau, associée au sein d'Elabe.

Le chômage, une situation subie

Le chômage en tant que tel n'est pas stigmatisé car sept Français sur dix l'ont côtoyé directement ou de manière proche. Cela reste pour la grande majorité une situation subie. Sauf que le « soupçon » progresse une fois qu'on a perdu son travail : près d'un Français sur deux (49 %) estime que la plupart des chômeurs ne cherchent pas vraiment à en retrouver un (+6 points par rapport au premier baromètre de mars 2020).

L'évolution favorable du marché du travail depuis la sortie du premier confinement n'est pas étrangère à ce durcissement, auquel sont associées les perceptions de manque de concessions, d'assistanat, voire de fraude. « Plus la situation de l'emploi s'améliore, plus les regards se durcissent », résume Laurence Bedeau.

Cette perception, les intéressés y sont confrontés dans leur quotidien et la vivent d'autant plus mal qu'ils la réfutent catégoriquement. Plus de huit sur dix récusent l'accusation de profiter du système par exemple. Même si cela ne change rien, ils peuvent trouver réconfort dans la connaissance toujours très partielle qu'ont les Français de la réalité. Seul un tiers situe correctement le montant moyen de l'allocation versée (990 euros). Ils sont à peine plus (42 %) à faire de même pour la durée maximale d'indemnisation (24 mois).

Tout cela explique pourquoi le gouvernement sait que sa réforme de l'assurance-chômage , qui va réduire d'un quart à compter du 1er février prochain les durées d'indemnisation pour tout nouvel inscrit à Pôle emploi, ne rencontre que l'opposition des syndicats. Ces derniers savent, en revanche, qu'ils peuvent davantage compter sur l'opinion publique pour s'opposer à celle des retraites qui sera dévoilée la semaine prochaine en principe.

Source : https://www.lesechos.fr/economie-france/social/le-regard-des-francais-sur-les-chomeurs-sest-durci-avec-lamelioration-du-marche-de-lemploi-1886754



15/12/2022
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