Emploi, population, logement… Comme à l’accoutumée, l’Insee publie des chiffres détaillés brossant le portrait de la France. Mais cette année, pour la première fois, l’Institut tient compte du nouveau découpage des territoires, avec les treize régions qui entreront officiellement en vigueur en 2016. Un élément saute aux yeux : les différences d’un territoire à l’autre sont nettement moins marquées qu’avant. Illustration en cinq cartes.

 

En termes d’habitants, c’est flagrant : les treize régions sont beaucoup plus homogènes qu’avant. «Aucune des régions continentales ne comporte moins de 2 millions d’habitants», écrit l’Insee. L’Ile-de-France se démarque toujours fortement en regroupant à elle seule près de 12 millions de personnes, suivie par la désormais Rhône-Alpes-Auvergne et ses 7,6 millions d’habitants.

On compte ensuite cinq régions de taille intermédiaire, entre 5 et 6 millions d’habitants. L’âge des populations est aussi plus homogène qu’avant sur les territoires. Les régions dont les populations sont les plus âgées ont fusionné avec des régions plus jeunes. Par exemple, l’Auvergne avec Rhône-Alpes. Ou les Limousin Poitou-Charente avec l’Aquitaine. Ceci dit, toutes les disparités régionales ne sont quand même pas gommées: le Nord et l’Est restent plus jeunes que le Sud et l’Ouest.

 

Les différences s’estompent aussi si l’on s’en tient aux aspects économiques. Un nombre plus important de régions présente un poids économique intermédiaire, autour de 7% du PIB national. L’écart entre le PIB régional le plus élevé et le plus faible se réduit dans la nouvelle configuration. Le Centre-Val-de-Loire, avec 3,3 % du PIB national est en queue de peloton (exception faite de la Corse), alors que dans le découpage actuel c’est le Limousin, qui représente 0,8% du PIB de la France.

 

En vingt ans, de 1990 à 2012, le PIB de la France métropolitaine a augmenté de 1,6 % en moyenne. L’Alsace Champagne-Ardenne-Lorraine, Bourgogne-Franche-Comté et Centre-Val-de-Loire ne brillent pas, avec une croissance autour de 0,8% donc bien en dessous de la moyenne. La Paca et l’Ile-de-France s’en sortent bien mieux grâce au dynamisme des services marchands. Quant à la Bretagne, «elle a été moins touchée, jusqu’à la crise de 2008-2009, par les moindres performances de l’industrie», selon l’Insee.

Ce sont les Pays de la Loire et le nouvel ensemble Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées qui enregistrent la croissance la plus dynamique (+ 2,1 % en moyenne par an dans les deux cas). Pour des raisons différentes, avance l'Insee : la croissance dans l’actuel Languedoc-Roussillon «correspond à un processus de rattrapage tiré par la forte croissance de la population, alors que Midi-Pyrénées a bénéficié du dynamisme de secteurs moteurs comme l’aéronautique ou les services marchands.»

 

Petite précision, pour bien comprendre. Le taux de pauvreté mesure la part des ménages qui ont un niveau de vie inférieur au seuil de pauvreté, fixé pour l’année 2011 à 1 004 euros pour une personne seule. Le seuil de pauvreté varie en effet d’une année sur l’autre, il représente 60 % du revenu médian, qui partage la population en deux parts égales.

Si on regarde la carte des nouvelles régions, il apparaît que la proportion du nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté est plus élevée dans le Sud-Est et dans le Nord (de 16,4 % à 19,2 %). La Bretagne et les Pays de la Loire, sont relativement moins touchés : moins de 12 % d’entre eux vivent sous le seuil de pauvreté.

 

Là encore, la carte des propriétaires est plutôt homogène. Sans surprise, c’est en Ile-de-France, là où la tension démographique est le plus élevée, que l’on compte la plus faible part de propriétaires de leur logement. Dans le parc locatif social, la quasi-totalité des logements sont collectifs en Ile-de-France. Quatre logements sur dix sont des habitations individuelles dans le Nord-Pas-de-Calais Picardie. Si l'on regarde à l’échelle du territoire, 51 % des ménages vivant dans des villes sont propriétaires de leur logement. A titre de comparaison, la moyenne s’élève à 55% dans les villes européennes.

 

http://www.liberation.fr/societe/2015/04/15/quand-l-insee-voit-la-france-en-treize-regions_1241353