Sous le signe des superprofits ! et des baisses d'effectif.

Les derniers chiffres du CAC40 confirment une tendance de long terme à l’accaparement des richesses par les actionnaires et les dirigeants au détriment de l’emploi en France. Cette tendance prend une forme exacerbée au sein d’une poignée de groupes comme TotalEnergies, LVMH ou BNP Paribas, qui concentrent l’essentiel des profits, dividendes et rachats d’actions du CAC40. Nouvelle note d’analyse de l’Observatoire des multinationales.

Publié le 15 mai 2023

 

 
 

Les derniers chiffres du CAC40 confirment une tendance de long terme à l’accaparement des richesses par les actionnaires et les dirigeants au détriment de l’emploi en France.

En 2022, les profits du CAC40 se sont maintenus à un niveau record, à plus de 138 milliards d’euros. Les dividendes poursuivent leur croissance apparemment inexorable (67 milliards) tandis que les rachats d’actions continuent à exploser (25 milliards).

Derrière ces chiffres globaux, une poignée de groupes, parmi lesquels TotalEnergies, LVMH, BNP Paribas ou encore Stellantis, représentent la majorité des profits engrangés par le CAC40, mais aussi des dividendes versés et des actions rachetées.

Ces « superprofits » ne sont pas forcément une bonne nouvelle ni pour l’économie, ni pour la société française en général. Ils sont alimentés en grande partie par un accroissement des marges, facteur de renchérissement du coût de la vie, et par des aides publiques directes et indirectes.

Malgré leur santé financière florissante, certains de ces champions des bénéfices et des dividendes touchent en effet de nombreuses aides publiques, dont certaines censées les inciter à se « décarboner ». La future loi sur l’industrie verte qui sera présentée en conseil des ministres ce mercredi va y ajouter de nouvelles aides encore, toujours sans véritable contrepartie et sans garanties sur les résultats concrets.

Beaucoup de ces groupes continuent par ailleurs à supprimer des emplois en France. Globalement, le CAC40 affiche 16 000 emplois en moins dans l’Hexagone depuis 2019, alors que ses profits annuels ont augmenté de 74% et ses versements aux actionnaires de 61% sur la même période.

Les principaux bénéficiaires de la générosité du CAC40 envers ses actionnaires sont comme chaque année le groupe Arnault (près de 3 milliards d’euros de dividendes touchés de LVMH) et BlackRock, qui empoche 2,8 milliards d’euros de dividendes sur les profits 2022 du CAC40.

En comptant dividendes et rachats d’actions, c’est pas moins de 1,1 milliard d’euros que TotalEnergies aura consacré à rémunérer BlackRock sur ses profits 2022, soit 10 861 euros pour chacun de ses salariés dans le monde.

 

 

Rémunérations patronales, salaires et emploi

La rémunération moyenne d’un patron du CAC40 pour l’année 2022 s’établit à 6,6 millions d’euros, un niveau stable par rapport à 2021 (mais 40 % supérieur à 2020).
Le classement est dominé, comme les années précédentes, par le trio Bernard Charlès (Dassault Systèmes), Carlos Tavares (Stellantis) et Daniel Jullien (Teleperformance), avec respectivement 33, 23,5 et 19,7 millions d’euros annuels. Ils sont suivis par les patrons de Kering, Sanofi et L’Oréal, tous trois au-dessus de 10 millions d’euros.
Globalement, les dépenses par salariés du CAC40 sont en hausse entre 2021 et 2022, dans des proportions variables selon les entreprises. Un certain nombre d’entre elles se distinguent tout de même par des hausses très modestes voire des baisses des dépenses par salariés malgré l’inflation – certaines d’entre elles figurant pourtant parmi les principaux bénéficiaires du contexte économique de ces dernières années, comme Vinci (-3,2 %), LVMH (+1,7 %) ou encore ST Micro (+1,2 %).
Enfin, les derniers chiffres publiés par le CAC40 confirment la tendance des grandes entreprises cotées à la bourse parisienne à délaisser l’emploi en France.
Sur la période entre 2019 et 2022, les groupes du CAC40 ont vu leur effectif augmenter de plus de 400 000 personnes dans le monde, grâce à des fusions-acquisitions (PSA-Fiat, + 160 000, Alstom-Bombardier, + 38 000, Veolia-Suez, + 35 000) et au développement
d’une nouvelle génération de champions des services, très internationalisés (Capgemini, + 140 000, Teleperformance + 82 000).
Dans le même temps, certains piliers historiques du CAC40 ont poursuivi leur politique de réduction de leurs effectifs, comme ArcelorMittal (- 37 000), Axa (-10 500), Orange (-10 300), Renault (-74 000, en partie liés à la cession de ses activités russes),
Safran (-12 000), la Société générale (-20 500, partiellement liés à la Russie) ou encore TotalEnergies (-6 500).
Certains de ces groupes, comme TotalEnergies, ArcelorMittal et Axa, ont néanmoins privilégié dans le même temps les dividendes et rachats d’actions.
Au niveau de l’effectif français, le tableau est encore moins reluisant. Seuls 24 groupes sur 40 publient des chiffres sur leur effectif dans l’Hexagone. Sur la même période 2019-2022, les effectifs cumulés de ces 24 groupes en France présentent un solde négatif de
- 16 000 emplois. Autrement dit, tout en créant des emplois dans le reste du monde, le CAC40 a continué à supprimer des emplois en France. Les pertes sont les plus nettes chez Orange (-12 000), Renault (-10 000) et Sanofi (-6 000). Plusieurs groupes ont supprimé des emplois en France tandis qu’ils en créaient dans le reste du monde – à l’instar d’Airbus, BNP Paribas, Orange et Veolia. 

 

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26/05/2023
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