Un conseiller Pôle emploi : «Vous voulez être astronaute ? Pourquoi pas»

INTERVIEW d'un Conseiller placement - Soixante-seize personnes travaillent au total dans cette agence située dans le VIIIe arrondissement de Paris. Parmi elles se trouve Stéphane Schler, conseiller spécialisé dans les accompagnements renforcés. Passionné par son métier, il dresse un constat lucide sur ce qu'il représente.

L'homme assis à son bureau a le visage avenant. Le sourire aux lèvres, il parle à une femme. Elle vient d'être contactée par un employeur potentiel. «Je vous remercie beaucoup pour votre soutien. Merci encore», lance-t-elle en direction de cet homme d'une quarantaine d'années, aux cheveux ondulés, alors qu'elle se dirige vers la sortie. Stéphane Schler est conseiller à Pôle emploi, spécialisé dans les accompagnements renforcés, destinés aux personnes qui ont le plus besoin d'une aide pour trouver un travail, à l'agence du VIIIe arrondissement de Paris. Passionné par son métier, Stéphane Schler raconte les demandeurs d'emploi qu'il aide, et se sent utile quand il peut effectivement leur venir en aide.

 

LE FIGARO. - Concrètement, en quoi consiste votre métier?

Stéphane Schler. -En tant que conseiller, je fais beaucoup d'accompagnement renforcé pour les demandeurs d'emploi qui en ont le plus besoin. Autrement dit, je dispose d'un portefeuille d'environ 70 personnes, donc un peu moins que mes collègues, pour les conseiller et les accompagner au mieux dans leur recherche. Je suis donc censé les voir plus souvent - une à deux fois par mois -, et communiquer plus régulièrement avec eux. Mon rôle est donc de cibler leurs envies ou de les guider dans un nouveau projet professionnel. Cela passe par des remises à niveau ou diverses formations. À noter que les accompagnements renforcés se font sur la base du volontariat. Donc les gens sont motivés, et ont envie de trouver un emploi.

 

Avec quel public travaillez-vous généralement?

Ça varie. Il n'y a pas de demandeurs d'emploi type. J'aide, par exemple, une femme de ménage. D'origine algérienne, elle travaille déjà, mais cherche un complément de revenu. Elle voulait être initiée à l'informatique. Elle a fait des formations, et a été contactée deux fois par des employeurs. Mon rôle a donc été de cibler ses envies, de la faire participer à une formation, et je l'ai aussi aidé à refaire son CV. J'ai aussi en charge une jeune femme qui a un Master en droit, mais a échoué deux fois au concours national de la magistrature. Elle était complètement désespérée. Je l'ai vu très régulièrement et elle s'est rendu compte qu'elle voulait changer de voie. Elle veut maintenant travailler dans la cybersécurité.

 

Comment voyez-vous votre métier, souvent décrié par une partie de la population?

Je suis passionné. Mon objectif est de faire le plus pour ceux qui en ont le plus besoin. Certains ne savent pas comment on rencontre un employeur ou ce qu'est un CV. Ils n'ont pas les codes. Il faut alors les accompagner, les guider. Rien n'est inenvisageable. Vous me dites que vous voulez être astronaute? Je ne rigole pas. Je dis “pourquoi pas, mais pourquoi?”. Il faut être cohérent dans nos choix, et réaliste par rapport à ce qu'est le marché du travail aujourd'hui. Les demandeurs d'emploi ont surtout peur d'être celui qui reste au bord de la route. Ils ont peur de se projeter dans l'avenir parce qu'ils craignent ce qu'ils verront. Mon rôle est de les rassurer. Je propose souvent d'avoir plusieurs projets en tête, plusieurs passions pour pouvoir avoir de nombreuses cordes à son arc. Vous savez, je n'ai rien à vendre et rien à acheter. Je veux juste les aider.

 

Votre métier a-t-il évolué depuis quelques années, notamment en raison de la hausse du chômage?

Il y avait du moins bien, c'est vrai il y a quelques années. J'ai souvent critiqué le morcellement des tâches en cours à Pôle emploi par exemple. Chacun faisait un rôle précis, sans toucher aux autres alors que tout est lié. Il y a eu des progrès à ce niveau-là. Je n'aimais pas non plus le fait qu'on n'ait pas de bureaux personnels. Même les gens rentraient dans un bureau, instinctivement, qui était le même que la dernière fois, alors que j'avais changé. Les bureaux ne sont pas fermés, c'est embêtant aussi. Les personnes qui viennent me voir me racontent des pans de leurs vies. Ce n'est pas facile de le faire dans une zone ouverte. Mais depuis un an, j'ai repris goût à travailler à Pôle emploi. Il y a eu de nombreuses améliorations, et je m'en réjouis.

 

Source : http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2017/02/09/01016-20170209ARTFIG00004-un-conseiller-pole-emploi-vous-voulez-etre-astronaute-pourquoi-pas.php

 



10/02/2017
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