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Le 0 800 02 60 80, alias « Proch’emploi », est en œuvre depuis mardi. Le nouveau président l’avait écrit dans son livre programme : « Dès le lundi 4 janvier à 7 h du matin, il sera possible à tout demandeur d’emploi de contacter la Région. » Promesse tenue, à un jour près. Le but : raccourcir le chemin vers l’emploi.


1 La philosophie

L’idée sur le papier est assez simple : selon Xavier Bertrand, trop d’offres d’emploi ne trouvent pas preneur dans la région. Le nouveau président avance même le chiffre – contesté – de 120 000 offres par an. Anormal dans une région qui compte 270 000 demandeurs d’emploi sans aucune activité.

Il faut donc rapprocher les deux, et c’est pour cela que le nouvel exécutif invite aujourd’hui demandeurs d’emploi mais aussi entrepreneurs à se manifester. Prudent, Xavier Bertrand prend soin de dire que son dispositif ne vient pas concurrencer Pôle emploi. « On ne fera pas le boulot des conseillers. Peut-être y aura-t-il des personnes réorientées vers Pôle emploi. (…) Mais je sais aussi qu’entre les demandeurs d’emploi et les offres, il manque un maillon. Et c’est le rôle de la Région d’essayer. » Comment ? « Je n’ai pas d’emplois à distribuer, je ne suis pas un menteur, ni magicien », prévient-il. Cela devrait donc passer surtout par des financements de formations, « au plus près des besoins des entreprises ». « Sur le financement des préparations opérationnelles à l’emploi, on peut faire plus. Et puis on met 261 millions d’euros par an sur la formation. Avec tout ça est-ce qu’on ne peut pas faire mieux ? »

 

2 Le dispositif

Le nouveau président de Région n’est pas allé chercher bien loin sa plate-forme téléphonique. Entre Noël et Nouvel An, il a été décidé de s’appuyer sur le numéro existant au conseil régional de Picardie et qui sert déjà à recevoir les demandes d’aides, de subventions, et à orienter vers les services. Concrètement, six standardistes, de 8 h à 18 h vont prendre les appels « Proch’emploi » en plus des autres demandes et rentrer les coordonnées des demandeurs dans un programme de saisie maison qui avait le mérite d’exister. Si le succès est là, jusqu’à 5 vacataires supplémentaires peuvent être mobilisés. « On mettra en tout cas les moyens qu’il faut », promet Xavier Bertrand. La promesse, c’est aussi un rappel dans les 15 jours pour fixer un rendez-vous dans le mois. Où ? Près du domicile, dans une antenne de la région, à créer. Face à qui ? Des agents de la Région ou des salariés cofinancés par la Région, qui travaillent sur l’emploi, mais ça reste à peaufiner.

 

3 Quels résultats espérés ?

Xavier Bertrand a fait de l’emploi le totem de son mandat. Il définira précisément sa politique en la matière d’ici à fin janvier. En ce sens, le dispositif « Proch’emploi » doit y participer. Mais Xavier Bertrand la joue d’emblée modeste, comme pour désamorcer les critiques d’un dispositif pour l’heure encore symbolique : « Je sais qu’il y aura des mécontents, mais je préfère prendre ce risque plutôt que ne rien faire. S’il n’y avait qu’une seule personne que j’aide vraiment à retrouver un emploi, ça vaut le coup. Mais je pense qu’il y en aura plus et je pense qu’on n’a pas tout essayé en matière d’emploi. » Rendez-vous dans quelques mois pour mesurer la réussite du pari.

 

Pôle emploi «mis en concurrence»?

Remettre à l’emploi ceux qui n’en ont pas ou les orienter vers des formations, c’est le travail de... Pôle emploi. Xavier Bertrand le sait, il pourrait froisser des susceptibilités. Alors accompagné de Karine Charbonnier, vice-présidente en charge de la formation professionnelle, il a rencontré hier matin à Villeneuve-d’Ascq le directeur général et la directrice régionale de l’opérateur public. « Il ne s’agit pas d’être en guerre avec Pôle emploi (...) ou de créer des antennes bis (...) mais de collaborer, avec pour objectif d’être plus efficace. » Non sans diplomatie, Jean Bassères, homme passé par les cabinets des socialistes Michel Sapin ou Laurent Fabius, abonde : « Il s’agit d’additionner les forces. »

Il est indéniable qu’avec un budget formation quatre fois supérieur à celui de Pôle emploi chez nous, la Région est en droit de vouloir s’y impliquer davantage. De même, en nouant des liens avec les entreprises, elle peut capter une partie des offres – très nombreuses – qui ne passent pas par Pôle emploi.

 

Mais pour Michel Breuvart, secrétaire du syndicat majoritaire SNU Pôle emploi FSU, « ce dispositif semble être une mise en concurrence ». Un procès en inefficacité ? « Oui, aussi, mais on a l’habitude. Alors que ce qu’il faut, c’est de l’emploi : en 2015, l’INSEE prévoyait 120 000 créations nettes d’emplois pour 600 000 demandeurs. Comment voulez-vous faire des miracles ? La Cour des comptes a montré qu’un changement d’opérateur ne génère un gain ou une perte d’efficacité qu’à la marge. » Et le syndicaliste de tacler : « À Pôle emploi, ces plates-formes téléphoniques ont été abandonnées il y a peu pour renforcer l’accueil. On a l’impression de faire marche arrière. » L. D.

 

Pôle Emploi: accueils fermés l’après-midi à partir du 11 janvier

À partir du 11 janvier, les guichets des agences Pôle emploi de la région Nord - Pas-de-Calais seront fermés l’après-midi. Les agents continueront de recevoir des demandeurs d’emploi mais il aura fallu au préalable prendre rendez-vous et en faire mention à l’interphone. Désormais se présenter au débotté dans une agence ne sera plus possible que le matin, entre 8h30 et 12 h 45.

Cette mesure nationale est déjà appliquée depuis le 12octobre dans cinq régions, dont la Picardie. « Cela a causé le mécontentement d’usagers qui, en plus, n’avaient pas été assez bien informés », rapporte Michel Breuvart, secrétaire régional du SNU Pôle emploi FSU. « Et un mouvement de grève a eu lieu. Ici, avec SUD et la CGT, nous sommes aussi en train d’y regarder. Nous demandons au minimum à ce que les usagers puissent quand même être reçus en cas d’urgence. »

 

Source : http://www.lavoixdunord.fr/region/xavier-bertrand-lance-son-numero-vert-pour-les-demandeurs-ia0b0n3254631