Formations Bidons

 

 

 

RTL - RTL Midi : les auditeurs ont la parole- Pôle emploi ; Formations Bidons ; Yasmina ; Jean-Charles Steyger SNU; Audrey Pérocheau- mardi 27 juin 2017  à  13:41

 

 

Julien SELLIER, journaliste

Second invité des Auditeurs ont la Parole Jean-Charles STEYGER, délégué syndical SNU-FSU Pôle emploi. Bonjour.

 

Jean-Charles STEYGER, délégué syndical FSU Pôle emploi

Bonjour.

 

Julien SELLIER, journaliste

Alors, deux chômeurs déposent aujourd'hui un recours en justice contre Pôle emploi, ces chômeurs sont soutenus par la CGT, un rassemblement a d'ailleurs été organisé ce matin à Paris. Ces deux personnes ont été exclues de leur formation en cuisine parce qu'elles ont dénoncé un cursus bidon. Je vous propose avant toute chose d'écouter une plaignante, Yasmina, 49 ans.

 

Yasmina, attaque Pôle Emploi en justice

On a eu 10 formateurs différents pendant les 8 mois. Pendant 4 mois ont à passer notre temps à écrire les recettes. Et la pratique, c'était dans un endroit complètement insalubre quoi, c'est les cafards qui roulaient ou qui étaient morts dans les plats ou les assiettes, des crottes de rats, des souris qui passaient des fois à côté de nous, des traces de sang sur les murs. D'ailleurs on a pris des photos là dessus, un rouleau à pâtissier pour tout le groupe. Ça m'a complètement dégoûtée de la cuisine.

 

Christelle REBIÈRE, journaliste

Voilà le témoignage de Yasmina qui attaque donc Pôle emploi. Jean-Charles STEYGER franchement on croit rêver là.

 

Jean-Charles STEYGER, délégué syndical FSU Pôle emploi

Oui là on est je dirais…

 

Christelle REBIÈRE, journaliste

C'est un cas extrême ?

 

Jean-Charles STEYGER, délégué syndical FSU Pôle emploi

Oui extrême, mais pas forcément peu nombreux, c'est-à-dire qu'aujourd'hui je suis dans l'incapacité à cette heure de vous dire comment sont contrôlés aujourd'hui les centres de formation, les organismes de formation, qui avec la politique publique qui a été conduite sous la dernière année de François HOLLANDE qui a mis en place plus de 1 milliard d'euros pour financer la formation des chômeurs.

 

Christelle REBIÈRE, journaliste

C'était 500 000 formations, c'était l'objectif.

 

Jean-Charles STEYGER, délégué syndical FSU Pôle emploi

C'est 500 000 plans de formation, 1 milliard d'euros en plus déjà de la politique publique en matière de formation pour les chômeurs qui en forme environ 500 000 chômeurs chaque année, il faut quand même se le dire. Donc avec l'enveloppe de HOLLANDE supplémentaire ça faisait 1 million de chômeurs à mettre rapidement dans les tuyaux de la formation professionnelle. Évidemment que le témoignage qu'on vient d'entendre est absolument scandaleux et que Pôle emploi avait déjà été alerté, y compris par la FSU. On était intervenu auprès de la direction générale de Pôle emploi pour dire, il y a des offres de formation qui sont intolérables, inacceptables, à présenter aux chômeurs ; du genre massage Shiatsu et autres action de développement personnel. Pourquoi est-ce qu'on en arrive là ?

 

Christelle REBIÈRE, journaliste

Oui, c'est ça.

 

Jean-Charles STEYGER, délégué syndical FSU Pôle emploi

C'est probablement parce que le marché est très juteux, quand même. Aujourd'hui la formation professionnelle en France ça représente environ 2 à 3 milliards d'euros de marché. Donc quand vous avez une politique publique où il y a une grosse communication de la part du gouvernement de l'époque eh bien de fait vous avez des marchands qui se présentent, qui se constituent rapidement en entreprises et qui s'autoproclament organisme de formation.

 

Julien SELLIER, journaliste

Justement, expliquez-nous comment Pôle emploi choisi les organismes de formation ? Dans l'idéal on se dit que Pôle emploi choisi des centres de formation agréés où tout va bien, où on a fait des vérifications d'usage avant.

 

Jean-Charles STEYGER, délégué syndical FSU Pôle emploi

Oui alors ce n'est pas, si vous voulez, c'est un peu complexe, mais pôle emploi n'est pas le seul à agir sur la labellisation et l'agrément de centres de formation. C'est-à-dire que vous ne pouvez pas demain vous dire : tiens, je monte un centre de formation puis je vais former des chômeurs. Il y a quand même quelques procédures et de vérifications je dirais à la fois économiques, mais aussi sociales de l'entreprise de façon à garantir que les personnes vers lesquels on va prescrire de la formation seront accueillies dans de bonnes conditions. Bien évidemment que là on s'est retrouvé dans un contexte où il y avait une commande politique extrêmement forte, je vous rappelle l'annonce du président de la République, elle date du 31 décembre 2015.

 

Julien SELLIER, journaliste

Ça veut dire que vous ne pouviez plus suivre ? Vous ne pouviez plus contrôler ?

 

Jean-Charles STEYGER, délégué syndical FSU Pôle emploi

Évidemment que nous n'avons pas la capacité de tout contrôler. Y compris au sein du ministère du Travail, parce que la première je dirais autorité à labéliser, à agréer, des centres de formation ce n'est pas Pôle emploi, mais c'est le ministère du Travail. Et le ministère du Travail n'a pas eu peut-être suffisamment d'effectifs mobilisables pour pouvoir, avant de lancer les prescriptions, pour pouvoir mener à bien toutes les vérifications. Mais Pôle emploi eut pu quand même faire mieux remonter les dysfonctionnements qu'on a pu avoir en témoignage des chômeurs que nous recevons.

 

Julien SELLIER, journaliste

Justement Jean-Charles STEYGER je vous propose d'écouter Audrey PÉROCHEAU, elle est directrice de la formation à Pôle emploi et elle, elle défend le bilan.

 

Audrey PÉROCHEAU, directrice du programme formation à Pôle emploi

Quand nous décidons d'acheter une formation, nous contrôlons la conformité de l'organisme de formation aux règles d'hygiène, de sécurité bien sûr, nous contrôlons la qualité de l'ingénierie pédagogique comme on dit, des compétences des formateurs. Et lorsque la formation démarre, un conseiller garant est présent pour se rendre compte effectivement des locaux, échanger avec le formateur, échanger avec les stagiaires et puis en cours de formation nous pouvons être amenés à réaliser des visites inopinées, surprises, sur le terrain. 87 % de ces demandeurs d'emploi qui ont suivi une formation en sont satisfaits, ou très satisfaits. Donc ils considèrent que la formation leur a été utile pour acquérir des compétences et réaliser leur projet professionnel.

 

Christelle REBIÈRE, journaliste

Alors Audrey PÉROCHEAU, directrice des formations à Pôle emploi, elle, elle dit qu'il y a des contrôles.

 

Jean-Charles STEYGER, délégué FSU Pôle emploi

Bon écoutez elle est directrice, c'est une ancienne directrice régionale et elle est en charge aujourd'hui de l'offre de service, en particulier de la formation. Je comprends qu'aujourd'hui le message de la direction générale soit "dormez tranquille, tout va bien". Je pense que ça, c'est dans la procédure que s'est inscrit, elle nous a lu les étapes de procédure quand elle dit "il y a des conseillers garants, des chômeurs qui peuvent aller voir comment se déroule la formation qu'ils ont prescrit aux demandeurs d'emploi".

 

Christelle REBIÈRE, journaliste

C'est de la théorie vous voulez dire ?

 

Jean-Charles STEYGER, délégué FSU Pôle emploi

Bien évidemment. Aujourd'hui les conseillers, mes collègues qui sont sur le terrain, on est à peu près de 40 000 à recevoir des chômeurs. Bien évidemment si dans l'après-midi je reçois un témoignage d'un chômeur qui dit "voilà comment ça se passe, venez voir", et que je demande à quitter l'agence pour aller voir ce qui se passe, on va me dire "non parce qu'il y a des gens à recevoir". Donc Pôle emploi si voulez est aujourd'hui complètement étouffé par la charge de travail. Alors il faut…

 

Christelle REBIÈRE, journaliste

Il n'y a pas de temps pour effectuer des contrôles en réalité ?

 

 

 

Jean-Charles STEYGER, délégué FSU Pôle emploi

Absolument pas, ni sur les centres de formation, ni sur les conditions de la formation, ni sur le paiement des acteurs de la formation. Et donc quand vous savez que ça représente des masses de millions d'euros chaque année, je parle bien que de la formation des chômeurs, je pense que l'État, le nouveau gouvernement, qui dit vouloir systématiser la formation pour les chômeurs devrait à mon avis avant sécuriser un certain nombre de choses et notamment renforcer un outil public de formation professionnelle. On avait l'AFPA il y encore quelques années qui a été abandonnée par les pouvoirs publics, je pense qu'il faut aujourd'hui relancer une dynamique publique de formation de tous les chômeurs, sur tout le territoire, ce qui permettra un d'éviter la concurrence malsaine et deux de garantir aux chômeurs qui rentrent dans ces appareils de formation, le respect et surtout un contenu sur lequel ils se sont engagés.

 

Christelle REBIÈRE, journaliste

Merci, Jean-Charles STEYGER, d'avoir été l'invité de RTL midi. Je rappelle que vous êtes délégué syndical SNU-FSU Pôle emploi, merci bonne journée.

 

Jean-Charles STEYGER, délégué FSU Pôle emploi

Merci. 

 



11/07/2017
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi



Recommander ce blog | Contact | Signaler un contenu | Confidentialité | RSS | Espace de gestion