Législatives 2024 : ce que l’on sait des programmes !

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Salaires, retraites, prix de l’énergie… Le point sur les propositions qui seront portées par les candidats du Rassemblement national, du Nouveau Front populaire, de Renaissance et des Républicains aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet.

Une course contre la montre et peu de temps pour débattre. Le président de la République, Emmanuel Macron, a pris de court le monde politique français en annonçant, dimanche 9 juin, la dissolution de l’Assemblée nationale et la tenue d’élections législatives anticipées les 30 juin et 7 juillet. L’urgence, pour l’ensemble des formations politiques, est désormais de désigner leurs candidats et de rédiger leur profession de foi, détaillant leur programme.

Si les premiers jours de campagne ont été marqués par les tractations et recompositions au sein des différents camps politiques, certains partis ont déjà annoncé leurs priorités sur de grands thèmes, en se positionnant par rapport à des réformes récentes (retraites, assurance-chômage) ou des thématiques d’actualité comme la guerre en Ukraine ou les prix de l’énergie. D’autres sujets d’importance, tel le climat, restent peu abordés par certains partis et ne figurent pas dans cet article. Nous avons résumé les principaux clivages entre les formations politiques sur huit de ces sujets.

Retraites

Le recul de l’âge légal du départ à la retraite de 62 à 64 ans figurait au programme d’Emmanuel Macron en 2022, et a été adopté au forceps au Parlement en 2023. Plusieurs formations politiques appellent à revenir sur cette réforme impopulaire.

  • Le Nouveau Front populaire veut abroger la réforme

Les partis de gauche se sont tous opposés à la réforme des retraites de 2023, qu’ils veulent abroger. Leur programme va même au-delà, se donnant pour objectif de rétablir le droit à la retraite à 60 ans. Il prévoit également l’augmentation du minimum contributif jusqu’au niveau du salaire minimum et un minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté.

  • Renaissance s’en tient à sa loi

Pour le parti présidentiel, plus question de relancer un débat sur les retraites d’ici à 2027. Emmanuel Macron a regretté en mai de ne pas avoir pu aller au bout de son projet initial de 2017 (une réforme globale, pour créer un système unique de retraite par points), mais cette refonte d’envergure n’est plus au programme.

  • Les Républicains n’envisagent pas de rouvrir le débat

Valérie Pécresse, candidate du parti Les Républicains (LR) à la présidentielle de 2022, défendait un recul de l’âge légal du départ à la retraite à 65 ans. Mais le parti de droite a affiché ses divisions sur le sujet lors du passage de la réforme au Parlement, entre opposition à Emmanuel Macron et convergence de points de vue sur la nécessité d’une réforme paramétrique. A ce stade, la droite n’envisage pas de relancer ce chantier dans les années à venir.

  • Le Rassemblement national reste flou concernant ses intentions

Le Rassemblement national (RN) s’est opposé au recul de l’âge légal du départ à la retraite à 64 ans. En mai 2023, après l’adoption de la réforme, il a même déposé à l’Assemblée nationale une proposition de loi pour rétablir l’âge légal à 62 ans. Mais le sujet embarrasse désormais l’état-major du parti d’extrême droite : Jordan Bardella a affirmé, mardi 11 juin, que revenir sur cette réforme ne serait pas prioritaire s’il accédait au pouvoir, renvoyant ce dossier à un « second temps ».

Salaires

Alors que le nombre de travailleurs rémunérés au salaire minimum a bondi de près de 50 % en deux ans, en raison de l’inflation, le pouvoir d’achat et le niveau de rémunération des salariés constituent un thème incontournable pour les principales formations politiques. Avec des divergences idéologiques quant aux mesures à adopter.

  • Le Nouveau Front populaire pour une hausse du salaire minimum

La gauche propose de porter le smic à 1 600 euros net, d’augmenter le point d’indice des fonctionnaires et d’indexer les salaires sur l’inflation. Elle propose également d’organiser une grande conférence sociale à propos des salaires, de l’emploi et de la qualification.

  • Renaissance préfère une nouvelle baisse de cotisations

En mars, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, a annoncé son intention d’augmenter les salaires nets des Français en transférant les cotisations sociales des salariés vers la TVA.

  • Les Républicains aussi

LR propose une augmentation du salaire des Français en réduisant les cotisations sociales pour les salariés qui touchent moins de trois fois le smic (soit 4 200 euros net).

  • Le Rassemblement national veut inciter à augmenter les salaires

Pour inciter les employeurs à augmenter les salaires, le RN propose d’exonérer ces hausses de cotisations patronales, dans la limite de 10 % et jusqu’à trois fois le salaire minimum.

Fiscalité

En avril, le ministère de l’économie a annoncé une forte aggravation du déficit public, atteignant 5,1 % du produit intérieur brut au lieu des 4,4 % prévus. Chaque parti avance des solutions pour corriger la situation financière du pays, entre baisse des dépenses et augmentation des rentrées fiscales de l’Etat, sept ans après la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF) par Emmanuel Macron, qui l’a remplacé par un impôt sur la fortune immobilière.

  • Le Nouveau Front populaire veut taxer les plus riches

L’idée d’augmenter la contribution au budget de l’Etat des hauts revenus fait l’unanimité à gauche. Le programme dévoilé vendredi propose d’accroître la progressivité de l’impôt sur le revenu jusqu’à quatorze tranches, contre cinq aujourd’hui. La coalition veut également rétablir un impôt de solidarité sur la fortune (ISF) « renforcé avec un volet climatique » et supprimer des niches fiscales « inefficaces » et « injustes ».

  • Renaissance refuse toute hausse d’impôts

Début juin, Bruno Le Maire a réaffirmé que « l’augmentation des impôts ne [faisait] pas partie de la palette des options » du gouvernement en 2025, préférant une baisse des dépenses. Il a confirmé des coupes budgétaires d’environ 10 milliards dans le prochain budget de l’Etat, en plus des 10 milliards d’euros de crédits déjà annulés en février.

  • Les Républicains souhaitent baisser la fiscalité

Le programme des Républicains pour les élections européennes de 2024 affirme que la France doit « baisser les impôts de production et les cotisations sociales » des entreprises, ainsi que « les charges sociales salariales ». En contrepartie, ils proposent une baisse de « 25 milliards d’euros des dépenses publiques » et une réduction du nombre de fonctionnaires.

  • Le Rassemblement national veut un impôt sur les produits financiers

Le parti d’extrême droite veut remplacer l’impôt sur la fortune immobilière par un impôt sur la fortune financière. Une augmentation générale des impôts ou une taxation des plus riches ne sont pas envisagées.

Prix de l’énergie

Les tarifs de l’énergie ont fortement augmenté depuis le début de la guerre en Ukraine en février 2022. L’annonce d’une nouvelle hausse du prix du gaz de 11,7 % en juillet a encore remis le sujet au centre des préoccupations.

  • Le Nouveau Front populaire pour un blocage des prix

Le programme de la gauche propose d’annuler la hausse programmée du prix du gaz le 1er juillet et de bloquer les prix de l’énergie.

  • Renaissance promet une baisse du prix de l’électricité

Après la hausse, la baisse ? Bruno Le Maire a assuré mardi que les tarifs réglementés de l’électricité baisseraient de 10 % à 15 % en février 2025 grâce à la politique énergétique du gouvernement.

  • Les Républicains divisés

C’est un des points de désaccord au sein de la droite. Une partie des Républicains s’est prononcée ces derniers mois en faveur d’une baisse des taxes sur l’électricité, alors que certains cadres ont au contraire critiqué le gouvernement pour n’avoir pas assez relevé cette taxation, comme l’expliquait en janvier L’Opinion.

  • Le Rassemblement national promet une baisse drastique

Selon Jordan Bardella, la fixation d’un prix français de l’énergie basé uniquement sur la production tricolore permettrait de faire baisser les factures de 30 % à 40 % pour les ménages français. Une proposition jugée irréaliste par certains experts.

Emploi

Atteindre le plein-emploi, correspondant à un taux de chômage autour de 5 %, contre 7,5 % actuellement, était une des obsessions d’Emmanuel Macron pour son second mandat. L’assurance-chômage a déjà été réformée et un nouveau durcissement est en cours : les partenaires sociaux n’étant pas parvenus à un accord, le gouvernement a repris la main.

  • Le Nouveau Front populaire opposé à la réforme Macron

Les différents partis de l’alliance de gauche sont fermement opposés au durcissement des conditions de l’assurance-chômage, fustigeant une « véritable guerre sociale » menée par le gouvernement. Ils proposent l’annulation de la réforme si elle venait à être mise en place.

  • Renaissance veut faire passer un décret entre les deux tours

Le premier ministre, Gabriel Attal, a affirmé, jeudi 13 juin, qu’un décret serait « pris d’ici au 1er juillet » – entre les deux tours – pour mettre en place la réforme de l’assurance-chômage. La durée d’indemnisation sera réduite, et les conditions d’accès à l’indemnisation, significativement durcies. M. Macron a toutefois ouvert la porte à de nouvelles discussions lors de sa conférence de presse mercredi.

  • Les Républicains n’envisagent pas de rouvrir le débat

Le chef de groupe LR à l’Assemblée nationale, Olivier Marleix, avait dénoncé dans la réforme de l’assurance-chômage un « enfumage » pour combler le déficit public. Pourtant, le contre-budget proposé fin 2023 par LR avançait des mesures proches de celles de Renaissance. Les députés et sénateurs ont en tout cas pointé l’accumulation des réformes, relevant que « le dernier changement de règle date d’un an ».

  • Le Rassemblement national contre la réforme

Le RN a exprimé, à l’Assemblée nationale, son opposition en votant un texte qui détricoterait cette nouvelle réforme de l’assurance-chômage voulue par le gouvernement. Le parti d’extrême droite dénonce « un véritable coup de massue pour les Français » et déplore que « les premiers stigmatisés soient les cadres qui ne représentent pourtant que 5 % des bénéficiaires des allocations-chômage, alors qu’ils cotisent pour 45 % des recettes de l’Unedic ».

Institutions

Les blocages politiques qui ont conduit Emmanuel Macron à dissoudre l’Assemblée nationale sont-ils un simple constat d’échec pour le gouvernement ou le signe d’une crise institutionnelle plus profonde ? L’analyse de la situation varie selon les bords politiques.

  • Le Nouveau Front populaire pour une VIe République

Comme en 2022, la gauche reprend le projet des « insoumis » d’instaurer une VIe République en convoquant une « assemblée constituante citoyenne ». Pour rénover les institutions, elle propose également d’abroger l’article 49.3 de la Constitution – utilisé pour faire adopter des lois sans vote au Parlement – et d’instaurer un référendum d’initiative citoyenne (RIC).

  • Un chantier mis de côté par Renaissance

Si Emmanuel Macron avait promis en 2017 une rénovation profonde de la vie politique, ce thème a depuis disparu, ou presque, de ses discours. Bien qu’il continue de se dire favorable à l’instauration d’une dose de proportionnelle dans l’élection des députés, le chef de l’Etat a écarté le projet d’une révision constitutionnelle, faute de disposer de la majorité parlementaire requise.

  • Les Républicains sur une ligne conservatrice

Les Républicains sont historiquement rétifs à modifier le fonctionnement de la Ve République, voulu par Charles de Gaulle. Ce thème était absent du programme de leur candidate, Valérie Pécresse, en 2022. Le président du Sénat, Gérard Larcher, a néanmoins formulé en mai quelques propositions, comme le rétablissement du cumul des mandats ou l’abaissement du nombre de signatures requises pour déclencher un référendum d’initiative partagée.

  • Le Rassemblement national favorable au RIC et à la proportionnelle

Pour rénover la vie politique, le RN mise sur l’instauration d’un RIC et la mise en place de la proportionnelle intégrale aux élections législatives.

Guerre en Ukraine

L’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022 a marqué la dernière campagne présidentielle et continue de diviser le monde politique, y compris au sein même de certains camps.

  • Les organisations du Nouveau Front populaire s’entendent pour défendre « la liberté du peuple ukrainien »

La guerre en Ukraine a divisé la gauche ces dernières années, le Parti socialiste et Les Ecologistes affichant un soutien indéfectible à la résistance ukrainienne, tandis que les « insoumis » et les communistes ont défendu un « refus de l’escalade de la guerre ». Dans son programme, la coalition de gauche s’est finalement accordée pour soutenir « indéfectiblement la souveraineté et la liberté du peuple ukrainien ainsi que l’intégrité de ses frontières », notamment grâce à « la livraison d’armes nécessaires ».

  • Renaissance pour un soutien pérenne à l’Ukraine

Non seulement Emmanuel Macron confirme le soutien de la France à l’Ukraine, en promettant avions, armes et munitions, mais il estime désormais qu’il n’est plus tabou d’envoyer des instructeurs français sur le sol ukrainien pour former les forces ukrainiennes.

  • Les Républicains veulent une hausse de l’aide financière

Les Républicains prônent « un soutien financier massif à l’Ukraine ». Le parti estime que la France est en retard en matière d’aide financière par rapport à ses alliés européens, sans pour autant avancer de montant. Le parti de droite refuse en revanche une adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne.

  • Le Rassemblement national évasif

Si Jordan Bardella s’est efforcé ces derniers mois de lisser le discours de son parti, historiquement pro-Kremlin, le RN reste en délicatesse sur ce sujet. En témoigne l’absence de communiqué au sujet du conflit sur le site du parti depuis plus de six mois. D’un côté, Marine Le Pen dit qu’« aucune raison ne peut justifier » l’invasion de l’Ukraine par la Russie. De l’autre, la dirigeante d’extrême droite dénonce des sanctions « irréfléchies » contre Moscou et une forme de « bellicisme irresponsable » de la part des soutiens de l’Ukraine, dont Emmanuel Macron.

Immigration

Après la réforme des retraites, la loi « immigration » est à l’origine de la deuxième série de turbulences politiques du quinquennat. Malgré son adoption, le texte est resté l’objet de controverses entre les principales formations politiques.

  • Le Nouveau Front populaire veut revenir sur la loi Darmanin

La gauche s’est opposée à la loi « immigration » en saisissant le Conseil constitutionnel concernant de nombreux points du texte, ce qui a conduit à la censure d’un tiers de ses articles en janvier. Le Nouveau Front populaire propose dans son programme d’« abroger les lois asile et immigration » et de « faciliter l’accès aux visas, régulariser les travailleurs, étudiants, parents d’enfants scolarisés et instituer la carte de séjour de dix ans comme titre de séjour de référence », ainsi que de « créer un statut de déplacé climatique ».

  • Renaissance veut contrôler les mineurs non accompagnés

La loi « immigration » n’est pas le dernier texte sur le sujet envisagé par Renaissance pour le quinquennat. Lors de sa conférence de presse, mercredi 12 juin, Emmanuel Macron a émis le souhait de renforcer le contrôle des mineurs non accompagnés, qu’il considère comme posant « un problème de sécurité dans plusieurs villes ».

  • Les Républicains veulent durcir la loi

La droite a poussé le gouvernement à durcir la loi « immigration » au fil de la navette parlementaire, mais une partie de ces mesures ont été rejetées par le Conseil constitutionnel. Les Républicains ont ensuite voulu lancer un référendum d’initiative partagée, également retoqué par l’institution. Le parti maintient ses propositions pour durcir les conditions d’accès des étrangers en situation régulière aux prestations sociales.

  • Le Rassemblement national pour une « préférence nationale »

De Jean-Marie Le Pen à Jordan Bardella, le programme du parti d’extrême droite n’a guère varié à propos de l’immigration. Son projet comporte toujours des mesures pour assécher de supposées « pompes aspirantes de l’immigration », comme la suppression de l’aide médicale d’Etat et la « préférence nationale ». Pendant sa campagne européenne, le RN évoquait aussi l’instauration d’une « double frontière », européenne et française, une promesse difficilement applicable dans les faits.

Source : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2024/06/14/legislatives-2024-ce-que-l-on-sait-des-programmes-du-rn-de-la-majorite-de-la-gauche-ou-des-lr-sur-les-premiers-themes-de-campagne_6239946_4355770.html

 

 



20/06/2024
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