Trois graphiques qui prouvent que les 35 heures ont créé de nombreux emplois

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En réaction à l’appel que nous avons lancé pour remettre la réduction du temps de travail au cœur du débat public, Jean Tirole, prix « Nobel » d’économie, avait affirmé, avec son arrogance habituelle, le 8 mai dernier, que « tous les économistes vous diront que le partage du travail est une ineptie ». Nombreux sont en effet celles et ceux qui, comme lui, refusent d’admettre que la réduction du temps de travail (RTT) puisse être un bon moyen de créer des emplois.

Enfermés dans leurs dogmes d’un autre âge, ils se comportent comme le Pape qui, au XVIIe siècle encore, refusait d’accepter que la Terre tourne autour du Soleil. Et comme Galilée, nous sommes bien obligés de leur dire, au vu de constats empiriques difficilement contestables, « et pourtant elle tourne », même si nous risquons l’excommunication… 

Comme le montre ce graphique, la seule période depuis un quart de siècle où on a créé un nombre significatif d’emplois marchands en France se situe bien entre 1997 et 2002, au moment du passage aux 35 heures… Entre 1990 et 2016, leur nombre s’est accru de deux millions et la totalité de cet accroissement s’est produite à ce moment-là. Et il s’agit bien ici exclusivement d’emplois dans le secteur privé, hors emplois publics.

On aurait pu remonter plus haut dans le temps et constater que jamais, même pendant les fameuses Trente Glorieuses, on n’avait connu une hausse aussi forte et aussi rapide de l’emploi depuis tout l’après-guerre.

Un des arguments les plus utilisés pour relativiser cet impact positif des 35 heures sur l’emploi entre 1997 et 2002 c’est : « oui, mais il y avait de la croissance partout à l’époque. » C’est vrai, sauf qu’il y a quand même eu, en proportion, deux fois plus d’emplois créés en France sur cette période qu’au Royaume-Uni, qu’en Allemagne et même qu’aux Etats-Unis. Sans parler du Japon, bien sûr.

Ce n’est que depuis que les gouvernements successifs (y compris malheureusement l’actuel gouvernement socialiste) s’acharnent à revenir sur les 35 heures et à rallonger le temps de travail de ceux qui ont déjà un emploi, tout en s’alignant sur les politiques d’austérité budgétaires qui plombent l’ensemble de la zone euro, que nous avons progressivement perdu cet avantage relatif.

Une autre des contestations que l’on entend souvent sur le rôle déterminant de la réduction du temps de travail dans la hausse spectaculaire de l’emploi au tournant des années 1990 concerne le timing : la loi Aubry 2 qui a généralisé la semaine de 35 heures n’a été votée qu’en 2000 et cette généralisation n’est devenue totale, notamment dans les PME, qu’en 2003. D’où l’idée qu’en fait, le temps de travail n’aurait réellement baissé qu’en fin de période et que la hausse spectaculaire de l’emploi observée depuis 2008 n’aurait pas grand-chose à voir avec la RTT.

 

 

Ce graphique montre qu’il n’en est rien. La loi Robien de 1996 puis la loi Aubry 1 de 1998 avaient déjà eu un impact important sur le temps de travail moyen des salariés français, bien avant la généralisation des 35 heures en 2003. Une généralisation qui, soit dit en passant, explique pourquoi le ralentissement économique marqué qui a suivi l’explosion de la bulle Internet en 2000-2001 ne s’est pas traduit en France par un recul de l’emploi, contrairement à ce qui s’est produit dans la plupart des autres pays développés… 

 



02/06/2016
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